Sécurité au travail : le BTP s’investit
08 mars 2010
Le secteur du bâtiment et des Travaux publics (BTP) concentre à lui seul 8,7% des salariés en France. Il est cependant responsable d’un accident avec arrêt de travail sur cinq (20% des cas) et de pratiquement un décès sur trois (33%) ! On n’est donc pas surpris d’apprendre que l’hygiène et la sécurité y sont parfois laissées de côté, certaines entreprises se contentant du strict minimum en la matière…
Chutes de hauteur (d’une toiture ou d’une terrasse), coupures et mutilations, brûlures… les accidents du travail résultent le plus souvent de travaux manuels. Il en va de même des maladies professionnelles – troubles musculo-squelettiques (TMS) affectant principalement la main (syndrome du canal carpien), l’épaule ou le coude. De mieux en mieux prises en charge, ces affections restent trop fréquentes.
Sécurité et hygiène : la responsabilité de l’employeur. L’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires à la sécurité de ses salariés (art. L. 4121-1 du Code du travail). Il est donc tenu par exemple, d’entretenir ses locaux et de fournir gratuitement des équipements de protection individuelle (EPI)… Mais l’hygiène et la sécurité au travail relèvent également de la responsabilité individuelle. Un employeur ne pourra pas toujours vérifier que chaque employé porte ses EPI, s’hydrate correctement ou fait les bons gestes pour éviter les accidents. Certains sous prétexte de gain de temps, s’exposent à des risques souvent inconsidérés.
L’engagement des établissements de formation… Principale cause de décès en milieu au professionnel (25% des accidents mortels du travail), les accidents de la route commencent à faire l’objet d’efforts de prévention. Le Centre de formation d’apprentis du bâtiment et des travaux publics (CFBTP) de Gironde à Blanquefort, a lancé depuis 2008 une formation destinée aux 15-25 ans. Conduite sur circuit, exercices pratiques de chargement… le but est d’initier ces jeunes à une pratique plus professionnelle et sécurisée.
…et celui des entreprises. PME spécialisée dans le carrelage et les revêtements de sol, la société Rossi est basée en Loire-Atlantique et emploie 75 salariés. Depuis 2005 -année où elle a signé un contrat de sécurité avec l’Organisme professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) – elle participe chaque année à l’opération 100 minutes pour la vie.
Confronté à la prise de risques quotidienne de certains employés son Pdg, Jean Louis Meunier, a prolongé l’expérience en embauchant une Chargée d’Hygiène et de sécurité à temps plein. Sa mission : accueillir chaque nouveau salarié, échanger et visiter régulièrement les chantiers pour s’assurer du respect des normes. Mais comme la sécurité passe aussi par le matériel utilisé, la lutte contre les risques d’inhalation et d’intoxication a fait disparaître la colle néoprène de ses chantiers. Elle a été remplacée par un adhésif double face, sans problème et sans risque…
Première entreprise de second œuvre du département à s’engager sur cette voie, l’entreprise entend améliorer la sécurité par le dialogue et la confiance. « Bien sûr, cette politique a un coût. Mais elle ne met pas l’entreprise en péril » explique Jean Louis Meunier, « c’est une démarche patronale au plein sens du terme. Notre récompense nous vient des salariés, qui se sentent écoutés et restent fidèles à l’entreprise. » C’est pourtant ce coût qui retient la plupart des entreprises de s’investir dans de tels projets. « Les inspections du travail sont rares (une en huit ans pour Rossi-ndlr). Certaines petites entreprises préfèrent donc ne pas embaucher une personne supplémentaire. » continue le président de Rossi. Il n’en reste pas moins que depuis 5 ans, le taux d’accidents de travail qu’il déclare est en recul…
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Source : Interview de Jean-Louis Meunier, Président de l’entreprise Rossi, le 15 février 2010 ; CRAM Aquitaine, le 3 mars 2010