Pour stopper les fuites urinaires

01 avril 2016

Les fuites urinaires, voilà un sujet encore tabou. Il touche pourtant de nombreuses femmes (1 sur 3), souvent jeunes et actives. Par gêne ou conviction qu’il n’y a rien à faire, ces femmes sont trop souvent murées dans le silence. Ces fuites peuvent littéralement gâcher la vie. Or comme nous l’explique le Pr François Haab, urologue à l’hôpital des Diaconesses (Paris), des solutions à la fois simples et pratiques existent.

« L’incontinence urinaire chez les femmes actives, c’est ce que nous appelons l’incontinence d’effort, et c’est aussi la plus fréquente », indique le Pr Haab. « Il s’agit de petites fuites urinaires d’intensité variable dès que l’on fait un exercice physique. Marcher très vite, courir après son bus, faire du sport, sauter… ou même le simple fait de tousser ou d’éternuer ».

Ces pertes involontaires d’urine sont dans la majorité des cas provoquées par un affaiblissement des muscles du périnée. « Ces muscles soutiennent en réalité le vagin ». Après un accouchement, par exemple, ils sont moins performants. Les fumeuses aussi peuvent être concernées. Pour le Pr Haab, « c’est encore un sujet très difficile à aborder pour les femmes. A peine une sur dix dans ma consultation évoque directement ce problème. La plupart utilise des périphrases, car pour elles les mots incontinence ou pertes d’urines évoquent vieillissement et personnes âgées. Or l’incontinence urinaire d’effort est une maladie des femmes jeunes et actives ». 

Afin de briser les idées reçues sur ce sujet, le Pr Haab tient à préciser que les serviettes de protection ne sont pas la solution. Il s’insurge même « contre les publicités sur ces protections. C’est un pis-aller, un moyen qui doit rester provisoire, et donc je pense que nous devrions faire des campagnes d’information sur les différentes prises en charge. Les messages publicitaires ne proposent que du palliatif. Mais ce n’est pas une solution ». Voilà qui est dit !

Oser en parler à un médecin

Et ceci explique également la fatalité ressentie par les patientes. « On leur laisse entendre que cette forme de faiblesse du périnée pourrait être liée à l’évolution naturelle du vieillissement de l’appareil urinaire. Ce qui est complètement faux ». Autre difficulté abordée par notre spécialiste, le manque parfois d’écoute voire de formation des professionnels de santé. Dans ce contexte, il reste encore des progrès à faire en termes de dépistage. « J’invite les femmes à en parler avec leur médecin, leur gynécologue ».

Une fois l’incontinence diagnostiquée, le traitement de première intention est la rééducation périnéale. « Pour faire disparaître les fuites, nous prescrivons un travail de renforcement musculaire du périnée. La patiente pourra être accompagnée par un professionnel de santé comme une sage-femme ou un kinésithérapeute. Elle aura la possibilité de poursuivre à domicile, à condition qu’elle connaisse bien les techniques de renforcement ».

Aujourd’hui en effet chaque femme peut se rééduquer de façon simple, chez elle, en toute intimité, avec Keat®, un électro-stimulateur périnéal, qui grâce à sa sonde vaginale permet de tonifier le périnée. « Disponible sur prescription médicale, c’est un outil intéressant et efficace, notamment en prolongement d’une rééducation avec un professionnel ». Les séances sont courtes et rapides. En effet, une séance de 17 minutes tous les deux jours permet d’obtenir de bons résultats en deux mois. Dès que les troubles se sont atténués, l’appareil permet en plus d’entretenir régulièrement son périnée. Car comme tout muscle, sans stimulation il se relâche !

Enfin le Pr Haab évoque l’opération chirurgicale. « Avec une courte intervention au cours de laquelle sont posées des bandelettes, on peut résoudre le problème dans la grande majorité des cas. Mais là aussi, il sera tout de même nécessaire de continuer à entretenir son muscle périnéal ».

  • Source : Interview du Pr François Haab, 9 mars 2016

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche

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