Surdité et aphasie : le 114, un numéro d’urgence trop peu connu
25 janvier 2024
Lancé en 2011, le 114 est un numéro d’urgence réservé aux personnes sourdes, sourdaveugles, malentendantes et aphasiques et disponible 24 heures sur 24. Pourtant, seul un Français sur 5 le connaît.
Le 15, le 112, le 18… Et le 114 ? Selon le baromètre Viavoice*, moins d’un Français sur 5 déclare connaître le 114. Le 114, c’est ce numéro d’urgence unique, national et gratuit, accessible en visio, tchat, images et SMS et réservé aux personnes sourdes, sourdaveugles (c’est-à-dire souffrant d’une déficience auditive grave et d’une déficience visuelle grave), malentendantes et aphasiques, témoins ou victimes. Il permet de contacter les secours les plus proches par SMS Internet ou via l’application « Urgence 114 ».
Si le sondage témoigne de la faible notoriété du 114 dans la population générale, il est encore plus surprenant de constater que même les personnes concernées et leur entourage ne connaissent pas ce numéro lancé en 2011 sous l’égide des ministères de la Santé et de l’Intérieur, et piloté par le CHU Alpes-Grenoble.
Le 114 connu par 17 % des personnes concernées
Ainsi, parmi les personnes à qui il s’adresse, seules 6 % le citent spontanément et 17 % affirment le connaître en assisté. Quid de leur entourage ? 6 % le citent en spontané, 21 % en assisté. Logiquement, le fonctionnement de ce numéro n’est pas non plus connu puisque 63 % des personnes interrogées pensent que le 114 peut être contacté par un appel téléphonique, ce qui n’est pas possible. Et seules 43 % d’entre elles pensent que le 114 est accessible à tout moment.
Dès lors, pour ce public cible, avec des difficultés à entendre ou à parler, comment contacter les secours si elles sont victimes ou témoins d’une situation d’urgence ? Parmi les 7 millions de personnes déficientes auditives en France, 450 000 sont dans l’incapacité totale de parler. Selon les enseignements du baromètre, « 6% des Français ont déjà eu recours au 114, au sein desquels 50% de Français non-directement concernés, contre 37% des membres de l’entourage ou aidants et seules 13% sont des personnes directement concernées par ce service ».
Comment ça marche ?
Concrètement, les usagers contactent le 114 via l’application « Urgence 114 », le site Internet ou par SMS. « Ils peuvent, selon leurs capacités de communication, utiliser la visio (oral, tchat ou Langue des Signes Française), avec l’appui d’images et à l’écrit (SMS). »
Basés au CHU Grenoble-Alpes, les agents sourds ou entendants, formés aux procédures d’urgence et pour comprendre et répondre au public concerné, recueillent les informations nécessaires et préviennent les services d’urgence du département. « Ce sont les secours locaux qui décident alors de l’action à entreprendre (intervention, conseil, etc.) comme ils le font habituellement pour tout appel téléphonique d’urgence ».
Anticiper et télécharger l’application
Parmi ces 6 % d’utilisateurs, « 77 % se déclarent satisfaits, 74 % ont eu confiance dans leurs interlocuteurs et 70 % ont pu se faire facilement comprendre ». Pour plus d’efficacité, « il est bien que les personnes concernées anticipent. Nous recommandons aux usagers du 114 de télécharger l’application sur leur mobile et de compléter leur profil sur l’application. Ainsi ils gagneront un temps précieux en cas d’urgence », conseille le Dr Véronique ÉQUY, cheffe de service du CNR 114. En outre, « en acceptant de partager leur localisation, leur caméra et leur micro avec le 114, ils gagneront du temps en cas d’urgence ».
Afin de faire connaître le 114, une campagne de communication est lancée fin janvier. Elle sera diffusée en ligne et dans les cabinets d’ORL et d’orthophonistes et relayée par les associations.
A noter : « l’aphasie est un trouble du langage allant de la difficulté de trouver ses mots à une perte totale de la faculté de s’exprimer. Elle est causée par dommages du cerveau provoqués dans la majorité des cas par un accident vasculaire cérébral », précise la fiche du gouvernement dédié au 114. Parmi les personnes sourdes, sourdaveugles ou malentendantes, « on compte 80 000 à 100 000 sourds profonds de naissance : pour la plupart, la langue de vie est la Langue des Signes Française (LSF) ». Ce qui n’est souvent pas le cas pour les personnes devenues sourdes et malentendantes.
*Sondage réalisé du 4 au 8 décembre 2023 auprès de 1000 Français représentatif de la population française de 18 ans et plus.
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Source : communiqué de presse du CNR 114 – Fiche « Urgence 114 », mode d’emploi
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche