Le syndrome de l’imposteur ou l’art de se dévaloriser
19 août 2016
Elnur/shutterstock.com
Réussir dans la vie, oui, mais ne pas croire en ses capacités. Voici comment l’on pourrait résumer le syndrome de l’imposteur. Découvert aux Etats-Unis à la fin des années 1980, il touche certaines personnes qui ne s’attribuent pas le mérite de leur succès. Une modestie poussée à son paroxysme en somme.
La sensation de tromper son entourage. C’est ainsi que pourrait être décrit le syndrome de l’imposteur. Le sujet concerné estime par conséquent que s’il réussit, ce n’est jamais grâce à ses propres qualités, mais par chance, par malentendu ou par hasard. Stéréotypes sociaux obligent, il semblerait que les femmes soient davantage touchées.
Un fort besoin de reconnaissance
Ce syndrome est avant tout lié à une mauvaise estime de soi. La façon dont « l’imposteur » vit sa situation (peur de l’échec ou, paradoxalement, angoisse d’une réussite inappropriée) va le conduire à mettre en place différentes stratégies de travail : une procrastination à outrance ou bien encore une préparation excessive. Ce dénigrement de ses propres compétences passe en outre par un fort besoin de reconnaissance.
Un syndrome qui résonne
L’aspect professionnel n’est pas le seul touché par le syndrome de l’imposteur. Ainsi, associé à des troubles anxieux, il interfère avec divers aspects de la vie privée, (famille, apparence physique…). Il est bien entendu difficile de quantifier le nombre de personnes touchées. Selon différents travaux, 70% de la population doutera un jour de ses propres compétences.
Quelle prise en charge
Avant tout, il ne s’agit pas d’une pathologie. Chacun peut tenter de s’en sortir par lui-même. Mais lorsque la situation devient invivable, une consultation peut s’avérer nécessaire. Un accompagnement de type « coaching » permettra de travailler sur la culpabilité ou sur le fait de ne plus dépendre du regard des autres.
Une psychothérapie de type « comportementale et cognitive » peut aussi être indiquée, notamment lorsque les troubles associés sont importants (troubles anxieux notamment). En effet, ces « imposteurs » sont souvent leur propre tyran et vivent dans la peur que tout s’écroule.
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Source : • Interview de Kevin Chassangre, Psychologue Clinicien et chargé de cours à l’université Toulouse-Jean Jaurès, co-auteur (avec Stacey Callahan) de l’ouvrage Le syndrome de l'imposteur, éd.Dunod, 2015 • Interview de Bruno Lefebvre, psychologue clinicien, associé-fondateur du cabinet @Alter_Alliance
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet