Syndrome de l’intestin irritable : zoom sur le régime pauvre en FODMAPS

18 octobre 2021

Comment se traduit le syndrome de l’intestin irritable (SII) ? Et en quoi consiste le régime pauvre en FODMAPS, efficace chez certains patients dans l’atténuation de la douleur ? Faisons le point sur cette méthode nécessitant un accompagnement diététique.

Aussi bénin qu’envahissant, le syndrome de l’intestin irritable (SII) génère au quotidien toutes sortes de symptômes digestifs (spasmes, brûlures, ballonnements, constipation, diarrhée…). La sphère extra-digestive peut aussi être atteinte avec des épisodes de céphalées, des douleurs musculaires ou encore une fatigue accrue.

Cette maladie également connue sous le nom de colopathie fonctionnelle affecte 5% de la population française. C’est une estimation, étant donné que l’errance thérapeutique associée aux maux de ventre reste encore importante : beaucoup de patients vont de cabinet médical en cabinet médical avant de découvrir qu’ils sont atteints d’un SII.

« En plus d’endosser beaucoup de préjugés psychologiques (stress, anxiété comme facteur de mal de ventre), le SII ne peut encore être guéri », décrit le Dr Pauline Jouet, gastro-entérologue à l’hôpital Avicenne (APHP). Pour apaiser les douleurs, « la prise en charge du SII repose toujours sur les antispasmodiques en première ligne, même si le niveau de preuve est assez faible », précisent les Prs Benoit Coffin (Colombes) et Gilles Macaigne (Marne la Vallée) sur le site de l’Association de formation médicale continue en hépato-gastroentérologie.

Les choux, l’ail, les cerises, le pesto…

Du côté des stratégies non médicamenteuses, on trouve « les conseils diététiques basés sur une alimentation variée et équilibrée », reprend le Dr Jouet. En effet de nombreux patients décrivent un lien entre l’alimentation et l’exacerbation de leurs symptômes. Reste qu’à lui seul, le simple équilibre nutritionnel ne peut libérer les patients de la gêne liée au SII.

A ce niveau, le régime pauvre en FODMAPS peut être proposé aux patients pour qui l’alimentation est incriminée dans la douleur. Apparu dans les années 2000, l’acronyme FODMAPS signifie « Fermentable Oligo-, Di-, and Monosaccharides, And Polyols » : tout un groupe de glucides dont la malabsorption est fréquente pour au moins l’un d’entre eux chez les patients atteints d’un SII.

Ce régime, mis en avant par des chercheurs australiens de la Monash University, est souvent décrit comme complexe. Une vérité : les FODMAPS sont en effet dissimulés à l’état naturel dans de nombreux aliments : on les trouve dans certains fruits (melons, figues, cerises…), légumes (choux de Bruxelles, champignons, asperges, betteraves, blanc du poireau, ail, oignon…), dans certaines légumineuses (pois chiches, fèves…), condiments (soja, pesto, houmous…) et boissons (vins liquoreux, rhum…). On en trouve aussi dans de nombreux produits de l’agro-alimentaire (miel, sodas, produits à base d’édulcorants). Pour vous repérer, rendez-vous sur le site Fodmapedia qui propose un listing très complet des aliments contenant des FODMAPS (en fonction des saisons notamment et associé à des idées de recettes).

Quid de l’efficacité de ce régime ? Probante selon plusieurs études, entraînant ainsi une nette amélioration des symptômes. En France, les travaux à ce sujet restent timides. « Dans la pratique, on remarque que ce régime peut améliorer la qualité de vie. La douleur et les troubles du transit peuvent diminuer. On voit des patients transformés », rapporte le Dr Jouet. « On ne peut pas prévoir son efficacité, mais il mérite d’être proposé. Même s’il faut prendre en compte qu’il peut compliquer la vie sociale », précise le Dr Jouet.

Se faire accompagner

Pour suivre le régime pauvre en FODMAPS, le conseil en diététique est précieux. « Les patients qui me sont adressés par un gastroentérologue arrivent avec une grande curiosité sur ce régime qui consiste à supprimer certains FODMAPS pendant 4 semaines avant de les réintroduire progressivement », décrit Laure Hirtz, diététicienne à Sigean (Aude). Si les symptômes s’améliorent nettement sur plus de 6 à 8 semaines avec ce régime, une prise en charge personnalisée en réintroduisant les types d’aliments un à un a tout son intérêt.

Ce suivi est important pour ne pas perdre pied. Bémol, les diététicien(ne)s formé(e)s au régime pauvre en FODMAPS sont très peu nombreuses en France. En voici la liste certifiée sur le site de la Monash University. 

A noter : « la seule contre-indication au régime pauvre en FODMAPS est la présence ou des antécédents de troubles du comportement alimentaire », mais aussi en cas de minceur importante ou de maigreur. La privation, même temporaire, pourrait en effet provoquer une perte de poids, aggraver ou réactiver certains réflexes pathologiques comme les crises de boulimie ou les épisodes anorexiques par exemple.

* Selon les critères de ROME IV (datant de 2016), le diagnostic de SII repose « sur la présence d’une douleur abdominale présente depuis au moins 6 mois et survenant au moins un jour par semaine durant les 3 derniers mois. Au moins 2 des 3 critères suivants doivent être associés à la douleur : une relation entre douleur et défécation, une modification de la fréquence des selles, une modification de la consistance des selles appréciée par l’échelle de Bristol ». Données fmcgastro.org

  • Source : Interview du Dr Pauline Jouet, gastro-entérologue à l’hôpital Avicenne (APHP), le vendredi 17 septembre et Laure Hirtz, diététicienne à Sigean (Aude), le 22 septembre 2021 – Inserm, La rage au ventre : c’est quoi le syndrome de l’intestin irritable ? le 14 septembre 2021 - fmcgastro.org, Syndrome de l’intestin irritable : prise en charge y a-t-il du neuf ? Benoit Coffin (Colombes), Gilles Macaigne (Marne la Vallée)

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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