











Accueil » Santé Publique » Tabagisme passif : un texte qui appartient déjà au passé ?
Huit Français sur dix favorables, l’opposition qui applaudit, les syndicats qui approuvent, la Commission européenne qui encourage… Pour autant, l’avenir de la proposition de loi qui interdit totalement de fumer dans les lieux publics semble bien incertain.
De l’aveu même d’Yves Bur, député UMP (Bas-Rhin) auteur de ce texte, “il est possible que cela prenne du temps“. Pour d’autres, ce texte est déjà enterré. Ses partisans ne manquent pourtant pas. A commencer par le groupe socialiste qui “ne peut que soutenir une telle proposition” a déclaré Jean-Marie Le Guen, député PS (Paris) lors d’un récent colloque organisé sur ce sujet.
Même son de cloche du côté de la CFDT qui “demande au législateur une protection renforcée des non-fumeurs face au tabagisme passif“. Didier Houssin, Directeur général de la Santé est aussi monté au créneau “pour s’affranchir du statu quo actuel et lutter véritablement contre le tabagisme passif“.
Markos Kyprianou, commissaire européen en charge de la Santé et de la Protection des consommateurs appuie aussi. “L’initiative politique courageuse de monsieur Bur a tout le soutien du Commissaire Kyprianou” a déclaré Philippe Brunet, directeur adjoint de son cabinet.
Des opposants attendus, d’autres beaucoup moins…
Tous citent également les exemples étrangers tels que l’Irlande, l’Italie, Malte ou la Suède. “En Irlande, un an après le vote de la loi (le 29 mars 2004, n.d.l.r.), 93% des salariés considéraient qu’il s’agissait d’une grande réussite. Aujourd’hui, le ministre de la Santé est l’homme politique le plus populaire du pays” a souligné Patrick Doorley, à la tête de l’Institut national irlandais de Santé publique.
Quant aux opposants, certains étaient attendus. Le “lobby des cigarettiers bien sûr qui ne se montrera jamais mais fera parler des gens” (dixit Yves Bur), les débitants de tabac mais aussi les syndicats des professions de l’hôtellerie et de la restauration. Ces derniers étant davantage “opposés sur la forme que sur le fond“.
Moins attendue, la réaction de l’UMP, le propre camp du député alsacien qui affiche une certaine “prudence“. Dominique Paillé, député UMP des Deux-Sèvres va même plus loin n’hésitant pas à parler de ce texte -” d’une ineptie sans égale “- au passé. “Je défends une idée de liberté, pas d’interdit. Commençons par épuiser toutes les ressources d’éducation et de prévention à notre disposition. Enfin, je ne vois pas l’intérêt d’édicter une nouvelle loi. Appliquons la Loi Evin“. Dans ce contexte, il ne semble pas acquis qu’Yves Bur recueille un nombre suffisant de signatures au sein de son parti pour pouvoir le soumettre à l’Assemblée nationale. A moins que le gouvernement n’en décide autrement…
Source : colloque La dépendance au tabac, la nécessité d'une loi, Paris, 2 novembre 2005
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