Téléthon : injecter un « jus de cellules » pour traiter l’insuffisance cardiaque
08 décembre 2023
Ces 8 et 9 décembre se tient l’annuel Téléthon dont l’un des objectifs est de récolter des dons pour financer la recherche. Recherche contre les maladies rares, mais aussi contre des affections plus fréquentes comme l’insuffisance cardiaque.
Essoufflement, fatigue, œdème, prise de poids… Ces signes traduisent le plus souvent une insuffisance cardiaque. Chaque année en France, près de 70 000 décès liés à l’insuffisance cardiaque et plus de 150 000 hospitalisations sont recensées. Et si les traitements sont de plus en plus performants, la plupart du temps, ils ne permettent que de retarder les complications.
Un jus de cellules, une première
Parce que le muscle cardiaque est particulièrement touché dans certaines maladies neuromusculaires, l’AFM-Téléthon soutient le développement de thérapies innovantes pour traiter les atteintes cardiaques. Et parmi elles, il en est une inédite. Ainsi, au printemps dernier, un essai a démarré chez des patients atteints de cardiomyopathie dilatée pour tester la sécurité et l’efficacité d’un produit thérapeutique fait de sécrétions cellulaires que les chercheurs qualifient de « jus de cellules » cardiaques.
Le principe : utiliser les facteurs de « réparation » produits naturellement par des cellules souches cardiaques obtenues à partir de cellules souches dites « iPS ». Ce sont en fait des cellules adultes saines qui ont été rajeunies en laboratoire. Ce « jus de cellules » est ensuite administré aux malades par voie intraveineuse.
Cette idée vient de l’équipe du Pr Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l’Hôpital européen Georges Pompidou. En 2014, ces mêmes médecins avaient eu l’idée d’appliquer, sur la zone lésée du cœur de patients insuffisants cardiaques à la suite d’un infarctus, un patch de cellules cardiaques progénitrices dérivées de cellules souches embryonnaires. « Nous avons constaté que les bénéfices des cellules étaient principalement liés à leur capacité à secréter des substances qui activaient des voies de réparation », explique le Pr Philippe Menasché. Lequel a prolongé ses travaux pour en arriver à ce fameux « jus de cellules ».
« Retrouver ses 20 ans… »
Sammy a 60 ans et il est le premier patient traité dans le cadre de cet essai. « J’ai reçu trois injections », explique-t-il. « J’ai tout de suite senti de l’amélioration. Je me suis senti vraiment mieux au quotidien. J’avais l’impression d’avoir retrouvé mes 20 ans. Des examens cliniques seront réalisés dans quelques semaines pour démontrer l’efficacité du traitement mais ce qui est sûr c’est qu’aujourd’hui je me sens en forme ». Ce premier patient se porte donc bien. Ce qui laisse envisager l’administration de ce traitement à un second patient d’ici la fin de l’année. A suivre donc.