THS : contre les bouffées de chaleur seulement !

03 novembre 2003

Le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) a pour seule indication les troubles fonctionnels de la ménopause : bouffées de chaleur, sueurs, insomnie, dépression… Les femmes qui ne souffrent d’aucun symptôme de ce type, soit la moitié d’entre elles, n’ont donc aucune raison de recourir à un tel traitement.

Tel est le message qui ressort de plusieurs communications au Congrès de l’American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR) qui vient d’avoir lieu à Minneapolis aux Etats-Unis. Il semble, comme l’explique Véronique Breuil du CHU de Nice, que « l’idée selon laquelle le THS diminuerait les risques d’ostéoporose et d’accidents cardiovasculaires, améliorerait la qualité de vie et devrait donc être largement prescrit soit remise en question ».

C’est qu’entre temps, les résultats de deux grandes études ont été publiés. Avec des éléments peu flatteurs pour le THS. « Ces deux travaux aboutissent aux mêmes conclusions : le THS est très efficace sur les manifestations fonctionnelles de la ménopause, mais aussi pour la prévention de l’ostéoporose », affirme Véronique Breuil. « En revanche, il augmente le risque de cancer du sein et de maladies cardio-vasculaires. »

Ces conclusions sont encore discutées et demandent à être confirmées. En attendant, au nom du principe de précaution, l’Agence Française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) a émis ses propres recommandations. Le THS n’est donc indiqué que chez les femmes présentant des symptômes fonctionnels de la ménopause. Le traitement doit être suspendu dès l’arrêt des symptômes, et en tout état de cause sa prolongation au-delà de 5 ans est fortement déconseillée compte tenu des risques mammaires et cardiovasculaires.

Quant à la prévention de l’ostéoporose, elle ne saurait à elle seule constituer une indication au THS. Pour Laurent Benhamou, du CHR d’Orléans, «certes le THS a une action bénéfique sur l’ostéoporose. Mais pour une réelle efficacité le traitement devrait être poursuivi au moins sept ans, ce qui compte tenu des risques paraît exclu ». Un autre praticien, le Dr Christian Marcelli du CHU de Caen, estime que « chez les femmes ostéoporotiques qui ne présentent pas de symptômes fonctionnels, un THS n’est donc pas justifié. »

« Heureusement » précise Véronique Breuil, « nous ne sommes pas démunis face à l’ostéoporose. Nous disposons de traitements très efficaces, notamment les biphosphonates. Dès lors, chez les femmes ménopausées ostéoporotiques ou simplement à risque d’ostéoporose, ces derniers pourront être utilisés. Soit d’emblée en l’absence de bouffées de chaleur, soit si des bouffées de chaleur ont justifié un THS, en relais de celui-ci ».

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