Traumatisme crânien : un test sanguin de diagnostic
27 septembre 2011
Une équipe INSERM vient de démontrer l’efficacité clinique d’un test sanguin pour déterminer la gravité réelle d’un traumatisme crânien jugé « léger ». L’objectif à terme, serait d’évaluer avec précision le degré de gravité du traumatisme, sans avoir besoin de recourir au scanner, examen à la fois coûteux et chronophage.
Chaque année en France, les services d’urgences reçoivent plus de 100 000 victimes d’un traumatisme crânien, dont 90% sont considérés comme des traumatisés « légers ». Certains accidents de la route, les chutes de jeunes enfants ou de personnes âgées en sont les principaux pourvoyeurs.
« Les traumatismes crâniens légers sont ceux qui n’ont pas de conséquence grave immédiate », nous a confié le Dr Régis Ribereau-Gayon, du CHU de Bordeaux. Auteur du travail qui vient d’être publié, il explique néanmoins que « le problème, ce sont les conséquences à moyen terme de ces traumatismes. Autrement dit la survenue de complications, comme une hémorragie. L’évolution vers une forme plus sévère est en effet possible bien que peu fréquente, dans 1% à 5% des cas ». Pour s’assurer autant que possible, qu’un traumatisme crânien léger ne va pas dégénérer en une forme grave, il est donc indispensable de s’en remettre à un scanner. « C’est très lourd à mettre en place, onéreux et pas forcément possible sur tout le territoire », explique le Dr Ribereau-Gayon. Et pourtant, « un traumatisme léger qui se révèle comme une forme grave est un piège qu’il faut absolument détecter dans les meilleurs délais ».
Un test dix fois moins cher que le scanner
Avec son équipe et en association avec celle d’Emmanuel Lagarde à l’Université de Bordeaux Segalen, il a testé l’efficacité d’un test diagnostique sanguin. Lorsqu’ils sont soumis à un stress trop important comme durant un traumatisme, les astrocytes – des cellules nerveuses « nobles » qui entourent les neurones – sécrètent une protéine appelée S-100B. Et il est possible de la retrouver dans le sang circulant.
Grâce à une simple prise de sang, il est en effet possible de doser cette protéine et de disposer d’un indicateur de l’état du cerveau. Ce test présente par ailleurs l’avantage d’être peu onéreux puisqu’il revient à seulement 15 euros, soit dix fois moins qu’un scanner. Par ailleurs, les résultats peuvent être obtenus en moins d’une heure alors qu’il est parfois nécessaire d’aller « chercher » un scanner à beaucoup plus d’une heure de route… et d’attendre ensuite une place pour y faire passer le patient..
Au service d’urgences du CHU de Bordeaux, 1 500 patients victimes d’un traumatisme crânien léger ont pu bénéficier de ce test, en plus des examens habituels. Résultat: pour les 292 patients dont le test avait été négatif, un seul a eu un scanner ‘positif’. Et il n’a pas développé de complication. Pour le Dr Ribereau-Gayon, « ce travail visait à valider l’intérêt du test sanguin comme alternative à la réalisation systématique d’un scanner. L’étude apporte des éléments de réponse, car elle porte sur un grand nombre de malades ».
Aller plus loin : consultez le site de l’Union nationale des Associations de familles de Traumatisés Crâniens (UNAFTC).
-
Source : INSERM, Annals Of Emergency Medicine, Interview du Dr Régis Ribereau-Gayon, 27 septembre 2011