Du triclosan, aux bactéries résistantes…
28 octobre 2016
Le staphylocoque doré, à la surface de la peau. Kateryna Kon/shutterstock.com
Des chercheurs français enquêtent sur la double vie du triclosan ! Soupçonné d’être un perturbateur endocrinien, ce biocide présent dans de nombreux produits cosmétiques et d’hygiène favoriserait également l’émergence de souches de staphylocoque doré résistantes au triclosan et à des agents antimicrobiens ayant une activité similaire.
Le triclosan appartient à une famille de composés qui, à faibles concentrations, inhibent la biosynthèse des acides gras, molécules vitales pour le développement des bactéries. A fortes concentrations, ces composés ont un effet plus général de perturbateur des parois bactériennes. Pour ces raisons, le triclosan a été largement utilisé en tant qu’antibactérien dans des produits d’hygiène tels que des savons.
En 2009, une équipe française (INRA, INSERM, Cochin, Université Paris-Descartes, Institut Pasteur, CNRS) avait mis en évidence que certaines bactéries étaient capables d’utiliser les acides gras de l’hôte infecté pour se développer en présence d’inhibiteurs de la biosynthèse des acides gras tels que le triclosan.
Dans une nouvelle étude, la même équipe a étudié la croissance du staphylocoque doré dans des milieux de culture contenant des acides gras naturellement présents chez l’Homme ainsi que du triclosan. Les chercheurs ont montré que la présence des acides gras de l’hôte favorisait l’émergence de la résistance du staphylocoque doré au triclosan.
Or, « notre peau, riche en acides gras, est naturellement colonisée par des bactéries, en particulier les staphylocoques », explique Alexandra Gruss, directrice de recherche à l’Institut Micalis (INRA). « Elle pourrait donc constituer une niche favorable au développement de bactéries résistantes lors de l’utilisation d’un produit cosmétique ou d’hygiène contenant un antimicrobien comme le triclosan. » Une bonne raison de bien lire les étiquettes des produits d’hygiène et dans la mesure du possible, de limiter l’utilisation de ceux contenant du triclosan…
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Source : Nature Communications, 5 octobre 2016. DOI : 10.1038/NCOMMS12944
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Ecrit par : David Picot – Validé par : Dominique Salomon