Trottinettes électriques : des accidents aussi graves qu’à moto
10 août 2023
Selon une étude française du groupe de recherche Traumabase, les accidents en trottinettes électriques et autres engins de la même catégorie sont aussi graves pour les conducteurs que ceux qui pilotent une moto. Explications.
On les appelle les engins de déplacement personnel motorisé (EDPM). Il s’agit des trottinettes électriques, gyropodes, monoroues ou hoverboards. Les accidents liés à la conduite de ces engins sont-ils aussi graves que les autres accidents à deux roues sur la voie publique ? C’est la question que se sont posé les services d’anesthésie-réanimation du groupe de recherche TraumaBase – l’observatoire français des traumatismes majeurs. Les résultats de leur analyse ont été récemment publiés dans la revue JAMA Network Open.
« Tous les patients admis dans un des 26 centres de traumatologie participant à l’étude à la suite d’un accident de la route impliquant un EDPM, un vélo ou une moto entre le 1er janvier 2019 et le 20 décembre 2022 ont été inclus », explique l’AP-HP dans un communiqué du 7 juillet. Les dossiers de 5 233 patients – d’un âge médian de 33 ans – ont été passés au crible selon plusieurs grilles de lecture.
Plus de traumatismes crâniens
La principale : l’ISS, pour Injury severity score soit le score de gravité des blessures établi pour évaluer la sévérité des traumatismes. D’autres critères entraient ensuite en ligne de compte dont le nombre de patients par an, le port d’un casque, le taux d’alcoolémie, la présence d’un traumatisme crânien, la durée de prise en charge à l’hôpital ou encore la mortalité.
Résultats : les conducteurs d’EDPM présentaient un ISS supérieur à 16 – traumatismes sévères – dans 45,5 % des cas. Soit des blessures aussi graves que les conducteurs de moto, pour une vitesse pourtant inférieure. Ils présentaient aussi deux fois plus de traumatismes crâniens que les motocyclistes alors que moins de 25 % de ces conducteurs portent un casque au moment de la survenue de l’accident. Le taux d’alcool dans le sang était supérieur au seuil l’égal dans un tiers des cas.
Des accidents en hausse
Des interventions ont été nécessaires dans les 24 heures pour deux tiers de ces patients. Il s’agissait principalement de chirurgie des fractures des membres mais aussi de neurochirurgie. Trois quarts des patients ont dû être admis en réanimation, 9 % d’entre eux sont décédés, le plus souvent à cause de traumatismes crâniens.
« Concernant la prise en charge médicale, cette étude montre que les usagers d’EDPM doivent être considérés, dès leur évaluation initiale, comme de potentiels traumatisés sévères et ce en dépit du fait que les EDPM ne sont pas toujours classés comme capables d’engendrer une cinétique élevée », note le communiqué de presse de l’AP-HP.
L’étude a également montré que le nombre d’accidents graves en lien avec l’usage d’un EDPM avait été multiplié par 2,8 en 4 ans, soit 229 patients gravement blessés sur cette période.
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Source : APHP le 7 juillet 2023, JAMA Network Open le 30 juin 2023
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet