Tuerie de Toulouse : que dire aux enfants ?

20 mars 2012

Ce mardi matin, à 11 heures, une minute de silence a été observée dans tous les établissements scolaires de France en mémoire des trois enfants et du père de famille abattus lundi à Toulouse, devant une école de confession juive. Tous les enfants du pays sont donc indirectement confrontés au drame. Comme nous le rappelle Catherine Héry, psychologue au CHU de Nantes, la communication est essentielle pour que les plus jeunes ne soient pas « débordés par les informations tragiques ».

La minute de silence « permet de ne pas banaliser la violence et signifie : ‘Nous sommes ensemble dans une solidarité humaine’ », souligne-t-elle. Et paradoxalement, ce silence permet d’ouvrir le dialogue. « La parole est donnée aux enfants. Ils peuvent en discuter avec leur maître ou leur maîtresse », poursuit Catherine Héry. Cette communication entre les enfants et les adultes est essentielle pour la gestion d’un tel drame.

« Qu’est-ce que tu as compris ? »

« Avant huit ans, il faut commencer par leur demander ce qu’ils ont retenu de l’événement. Demandez-leur ‘Qu’est-ce que tu as compris ? Raconte-moi ce qui s’est passé ?’ », explique Catherine Héry. Et ensuite seulement, « vous pourrez lui expliquer, répondre à ses questions. L’essentiel étant de ne pas laisser l’enfant seul, dans le silence. Si on ne lui en parle pas, il risque de s’isoler, de se sentir abandonné », poursuit-elle. Il faut donc « aller chercher les besoins de communication de l’enfant, surtout ne pas le laisser à l’écart ».

Après huit ans, l’enfant pose souvent plus de questions. « On peut alors évoquer le ‘pourquoi’ du drame, parler de la folie, voire du racisme. Dans tous les cas, commenter l’actualité, c’est prendre du recul par rapport à la brutalité de l’information et de l’image de la télévision ».

Gérer la peur d’une récidive

Et s’il recommençait ? La psychose touche actuellement l’ensemble du pays. Petits et grands. « Pour apaiser la peur, il faut parler, se serrer les coudes face à cette angoisse », conseille Catherine Héry.

Bien entendu, la parole ne suffit pas. Plusieurs mesures de sécurité ont été mises en place pour renforcer la sécurité aux abords des écoles liées aux confessions juives et musulmanes dans le cadre du plan Vigipirate passé au niveau écarlate hier. Récréations dans la classe, interdiction de stationner devant les écoles… « N’hésitez pas à évoquer les mesures de sécurité prises pour se protéger », ajoute Catherine Héry. Comme les plus grands, les enfants ont besoin de se sentir protégés et entourés. « Le pire c’est de se sentir seul, isolé face au drame… », conclut-elle.

  • Source : interview de Catherine Héry, psychologue au CHU de Nantes, 20 mars 2012

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