Un Américain meurt après l’ingestion de phosphate de chloroquine

24 mars 2020

En Arizona, un homme d'une soixantaine d'années est décédé après avoir absorbé du phosphate de chloroquine, contenu dans un produit de nettoyage d'aquarium. Lui et sa femme ont eu cette idée après le discours de Donald Trump, vantant les mérites de la chloroquine pour traiter le Covid-19.

L’alerte est venue des spécialistes de Banner Health, un groupe médical à but non lucratif basé en Arizona (Etats-Unis), après le décès d’un homme d’une soixantaine d’années dans l’un de ses établissements. Avec sa femme, ils ont ingéré du phosphate de chloroquine, une substance utilisée pour nettoyer les aquariums. Sur la chaîne américaine NBC, l’épouse, hospitalisée en soins intensifs, a expliqué que l’idée leur était venue après avoir entendu le président américain Donald Trump vanter les mérites de la molécule pour traiter le Covid-19.

« Nous comprenons que les gens essaient de trouver de nouvelles façons de prévenir ou de traiter ce virus », a concédé le Dr Daniel Brooks, directeur médical de Banner Poison and Drug Information. « Mais l’automédication n’est pas le moyen de le faire. La dernière chose que nous voulons en ce moment, c’est inonder nos services d’urgence avec des patients qui croient avoir trouvé une solution risquée, qui pourrait potentiellement mettre leur santé en danger ».

Les appels à la prudence se multiplient

En France aussi, la chloroquine, ou plus exactement son dérivé, l’hydroxychloroquine, suscite autant d’espoir que de méfiance. A l’IHU de Marseille, la molécule est actuellement utilisée sur des malades en association avec un antibiotique, hors AMM. Elle a été incluse dans l’essai clinique européen Discovery, coordonné par l’Inserm, aux côtés d’autres traitements. Hier soir, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué que le Haut conseil de santé publique recommandait de ne pas utiliser l’hydroxychloroquine, sauf pour des formes graves et sous surveillance médicale stricte.

L’OMS a également pris position, au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis son siège de Genève (Suisse). Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé que « des études réduites et non randomisées, réalisées à partir d’observations, ne nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin. Administrer des médicaments non testés, sans la preuve suffisante, pourrait susciter de faux espoirs et même faire plus de mal que de bien en entraînant des pénuries de médicaments essentiels pour traiter d’autres maladies ».

Enfin, la Revue Prescrire a émis elle aussi des réserves dans un communiqué diffusé ce mardi. Sur la conduite de l’essai mené à l’IHU de Marseille (hydroxychloroquine avec ou sans antibiotique), et sur l’association lopinavir + ritonavir, testée dans l’essai clinique Discovery. « L’efficacité, hypothétique, est à mettre en balance avec les effets indésirables déjà connus et prévisibles du médicament proposé, en tenant compte aussi d’éventuels effets défavorables sur l’infection », prévient la Revue. « Pour éviter d’ajouter du mal au mal ».

  • Source : communiqués Banner Health et Revue Prescrire, consultés le 24 mars 2020

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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