Un THS qui protège le coeur des femmes ?

02 mai 2006

Le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) n’a pas bonne presse. Des études américaines ont dénoncé son rôle dans la survenue de cancers du sein et d’accidents cardiovasculaires. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain !

L’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS) ne cloue pas le THS au pilori. Elle reconnaît qu’il “est efficace dans l’amélioration de la qualité de vie en relation avec les symptômes liés à la ménopause“. Elle recommande toutefois de l’utiliser à la dose la plus faible et pour la durée la plus courte possible. Composé d’estrogènes et d’un progestatif, il repose sur les nombreuses propriétés intéressantes de ces hormones. Ainsi les estrogènes, s’ils sont apportés “dès le début de la ménopause ont-ils un rôle bénéfique sur une paroi artérielle saine“, explique le Dr Gabriel André, gynécologue à Strasbourg.

Comment ? Les estrogènes, précise-t-il, “favorisent la production de monoxyde d’azote (NO) par la paroi vasculaire. Il se comporte comme un anti-oxydant – empêchant le mauvais cholestérol de se fixer dans la paroi des artères -, comme un anti-coagulant – empêchant les plaquettes de s’agréger – et comme un vasodilatateur“. En revanche, administrés lorsque les artères sont en mauvais état, “les estrogènes ont un effet délétère“. D’où les accidents survenus chez les femmes des études américaines, traitées alors qu’elles étaient plus âgées que ne le veut la pratique française.

Une autre étude américaine a parfaitement montré que “donné dans les 5 ans qui suivent la ménopause, le THS diminuait de 7 à 8 mm de mercure les deux chiffres de la tension artérielle“. Mais cet effet n’existe que si le THS est apporté tout de suite après la ménopause. Lorsqu’il est mis en place ” plus de 5 ans après cette dernière, il est sans effet sur la tension artérielle. ” Or une tension artérielle trop élevée est un facteur de risque cardiovasculaire indiscutable et la mortalité par accident cardiovasculaire est déjà 7 fois plus importante que par cancer du sein chez les femmes entre 45 et 55 ans.

Quant aux progestatifs, ceux qui sont utilisés en France sont très différents des substances prescrites aux États-Unis. “Ils sont neutres sur le plan vasculaire. Il existe même un nouveau progestatif très intéressant, la drospirénone. Elle a un effet anti-aldostérone. L’aldostérone est une hormone sécrétée par le rein, et qui régule les mouvements d’eau et de sels dans l’organisme“. En s’opposant à l’action de l’aldostérone. La drospirénone a un effet significatif sur la tension artérielle avec une réduction nettement supérieure à celle obtenue avec l’estrogène seul chez des femmes modérément hypertendues.

Alors, bénéfique le THS ? Oui, s’il est utilisé à bon escient, tout de suite après la ménopause et si les produits qui le composent – estrogènes et progestatif – sont adaptés au profil de la femme. Le THS comporte des risques, mais il présente aussi des avantages. Aux médecins et aux femmes de peser, en fonction de chacune, les deux.

  • Source : Les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause - Rapport d'orientation - 11 mai 2004 AFSSaPS - INSERM

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