Une troisième greffe d’utérus réussie en France
07 novembre 2023
La greffe d’utérus est une piste prometteuse pour les femmes qui en sont privées et désireuses d’être enceintes. Encore au stade d’essais cliniques, les initiatives se multiplient dans le monde et notamment en France, avec l’équipe du Pr. Jean-Marc Ayoubi, à l’hôpital Foch (Suresnes).
Deux événements qui témoignent de la même prouesse médicale. Anaïs a donné naissance à une petite fille, le 31 octobre à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine). Léonie est le troisième bébé né en France d’une greffe d’utérus après les naissances de Misha et Maxine, filles de Déborah, première greffée de l’utérus en France.
La grossesse d’Anaïs « est survenue après le 1er transfert d’embryon », note l’hôpital Foch dans un communiqué. Une fécondation in vitro est en effet réalisée en amont afin de disposer d’embryons viables avant la greffe. En septembre 2022, Anaïs a bénéficié d’une greffe d’utérus de sa sœur aînée, devenant la deuxième femme greffée en France. Elle avait été prise en charge par l’équipe du professeur Ayoubi, chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de l’hôpital Foch.
Hasard du calendrier, le 21 octobre, le Pr. Ayoubi et son équipe ont réalisé la troisième greffe d’utérus. 18 heures de chirurgie ont été nécessaires pour cette greffe, là encore réalisée à partir d’un utérus d’une personne vivante, la mère de la patiente. Une opération lourde dont l’une des principales difficultés survient lors du retrait de l’utérus de la donneuse. « C’est cette partie qui est la plus délicate car il faut faire très attention à la vascularisation de l’utérus », note Jean-Marc Ayoubi, interrogé par France Inter.
Le syndrome de Rokitansky à l’origine de l’absence d’utérus
Ces exploits successifs sont le fruit d’un travail de recherches débuté par le Pr. Ayoubi voici 15 ans, en collaboration avec une équipe suédoise, qui a réalisé la première greffe utérine au monde. Les trois greffes réalisées en France s’inscrivent dans le cadre d’un essai clinique pour lequel Jean-Marc Ayoubi a reçu l’autorisation de l’Agence de la biomédecine et de l’Agence nationale de sécurité du médicament de réaliser une dizaine de transplantations.
Les trois patientes qui ont participé à ce protocole, Déborah, Anaïs et Océane, étaient atteintes du syndrome de Rokitansky (MRKH), à l’origine d’une infertilité causée par une agénésie utérine (une absence d’utérus). Un syndrome qui concerne une naissance pour 4 500 bébés de sexe féminin. Ces femmes possèdent un appareil génital, des ovaires et des cycles hormonaux normaux, mais sans utérus, elles sont donc infertiles. Il s’agit d’un espoir pour ces femmes mais aussi celles qui ont subi une hystérectomie ou dont l’utérus n’est pas fonctionnel.
A noter : le syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH) est une cause d’aménorrhée primaire. On diagnostique la maladie alors que l’adolescente présente une croissance normale et des caractères sexuels secondaires. Une partie du vagin est également absente dans cette affection congénitale.
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Source : Communiqué de presse de l’Hôpital Foch - France Inter, 7 novembre 2023
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet