Plonger dans le monde de la réalité virtuelle pour se confronter à ses plus grandes sources d’appréhension, et apprendre progressivement à se contrôler. En une phrase, voici l’approche thérapeutique proposée par le Dr Eric Malbos, psychiatre au CHU de Marseille, aux patients souffrant de phobies. Mais aussi d’addictions et/ou de troubles du comportement alimentaire.
Deux casques, l’un vidéo l’autre audio, immergent le patient en un clin d’œil dans un monde virtuel. Un aéroport en cas de peur irrépressible de l’avion, une passerelle traversant deux immeubles au 5ème étage si le vertige devient handicapant, à bord d’une voiture si la conduite procure une anxiété incontrôlable.
Dans le cas des addictions et des troubles obsessionnels compulsifs, la vidéo s’ouvre sur un paquet de cigarettes autour d’un café, une commande de cocktails au bar ou encore un plateau de nourriture empli de sucreries. A la manière d’un vaccin (injection de l’agent pathogène pour aider l’organisme à s’en protéger), cette approche expose les patients aux situations anxiogènes. L’objectif étant de stimuler la capacité à contrôler la consommation de tabac, d’alcool et/ou de nourriture. Et ne pas tomber dans l’excès.
De la psychiatrie aux jeux vidéo
A l’origine de ce programme ? Le Dr Eric Malbos. Doté d’une double casquette, ce dernier exerce comme psychiatre au CHU de Marseille, et consacre en parallèle une bonne partie de son temps à la création de jeux vidéo. Dès la fin de ses études début 2000, le médecin a planché sur l’impact de l’environnement 3D dans le traitement des troubles mentaux. Très vite, il décide de compléter sa pratique en médecine conventionnelle par la réalité virtuelle. Sa stratégie, associer la science-fiction aux consultations « pour en faire une seule et même approche thérapeutique en santé mentale » comme c’est le cas chez nos voisins italiens, précurseurs en la matière. Il a commencé par tester ce programme en 2004 chez des patients claustrophobes, puis est parti effectuer son doctorat pendant 4 années en Australie, afin de tester l’efficacité de ses programmes virtuels, notamment dans la prise en charge de l’agoraphobie.
Une thérapie relationnelle et progressive
Lors des consultations du Dr Malbos, aujourd’hui menées au CHU de Marseille, cette immersion virtuelle se fait toujours en complément des mots. Le patient décrit ce qu’il ressent, le médecin le guide lorsqu’il perçoit un obstacle. « Le thérapeute peut contrôler en temps réel les paramètres du programme en fonction de ce que supporte le patient », souligne le Dr Malbos. « En aucun cas la réalité virtuelle ne vient donc se substituer au relationnel. Pas plus qu’elle ne constitue à elle seule la totalité de la prise en charge ». Cette méthode vient en effet compléter les bénéfices du travail cognitivo-comportemental, des consultations purement psychiatriques et/ou des prescriptions médicamenteuses.
Point important, le patient effectue ses premiers pas dans le monde de la réalité virtuelle de façon progressive. Comme dans tout jeu vidéo, le programme commence au niveau débutant : la situation anxiogène reste modérée. Puis au fur et à mesure, quand le patient gagne en aisance, l’exposition au facteur fragilisant gagne en intensité et le risque de perdre le contrôle augmente.
Gérer ses émotions
De la peur à l’addiction, cette approche virtuelle agit sur le centre des émotions. Les aires de la vision et de l’audition sont stimulés, le corps est mis en situation mais sans aucun risque étant donné que l’exposition à la source anxiogène reste fictive. Au CHU de Marseille, un nombre croissant de patients présentant des troubles anxieux généralisés, autrement dit des inquiétudes chroniques, est d’ailleurs pris en charge via cette thérapie virtuelle. Des environnements relaxants tels que des promenades dans la montagne, en forêt – ou encore plus virtuellement dans la galaxie – sont proposés pour apaiser les patients et contribuer à la diminution du rythme cardiaque.
Mais quelle efficacité présente cette e-thérapie ? « Notre dernière étude menée auprès de 51 patients* révèle un taux d’efficacité de 70% à 80% dans la diminution de la phobie. Des résultats obtenus après 6 séances de travail en moyenne. »
* tous troubles du comportement ou phobie confondus
Source : Salon Virtuality, organisé à Paris du 24 au 26 février – Interview du Dr Eric Malbos, médecin praticien en service de psychiatrie – CHU de Marseille. C2Care, développeur du dispositif visuel.
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche
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