Vieillir avec le VIH, cela s’apprend…

Si au début des années 1980 le diagnostic d’infection à VIH équivalait pratiquement à une condamnation à terme de quelques mois, 25 ans de recherches fondamentales et cliniques ont bouleversé la donne. L’infection est aujourd’hui (dangereusement) banalisée dans l’esprit du public. Quant à la maladie, elle s’est transformée en une infection chronique. Cette révolution cependant, entraîne son cortège de bouleversements et de contraintes. Il est aujourd’hui tout-à-fait envisageable de vieillir avec le SIDA. Mais cela s’apprend.

Près d’une vingtaine d’auteurs se sont réunis sous la coordination de Christine Katlama (CHU Pitié-Salpêtrière, Paris) pour envisager cet « apprentissage » très particulier. En un peu moins de 200 pages ces cliniciens, qui sont aussi chercheurs, passent au crible tous les organes ou systèmes d’organes affectés par le VIH… ou les traitements utilisés pour le contrôler.

« L’infection VIH efficacement traitée (…) devrait autoriser, moyennant un traitement maintenu à vie, une survie à peine différente de celle des personnes non infectées par le VIH. A (…) condition (…) de minimiser le poids des comorbidités induites par le VIH ou par les traitements », énonce Christine Katlama en introduction. C’est peu dire en effet, que l’infection – et ses traitements – bouleversent la vie des patients. Au point de provoquer de réels problèmes d’observance.

Modifications dans la répartition des tissus adipeux, altération du métabolisme des glucides, anomalies osseuses, hypertension artérielle… Bien réels, ces troubles n’empêchent pas les médecins de se poser aujourd’hui des questions qu’ils n’auraient même pas évoqué en rêve il y a 12 ans : « quel est l’impact du virus sur le vieillissement ; quelles conséquences éventuelles sur les fonctions neurocognitives ; quelles conséquences sur la survenue de cancers » ? Désormais en effet, les personnes infectées par le VIH se posent des problèmes de bien-portants : comment trouver du travail (il y a 43,5% de chercheurs d’emploi parmi les séropositifs de moins de 60 ans contre 35% chez les bien-portants) ? Où s’adresser pour arrêter de fumer ? Quels changements apporter dans ses comportements hygiéno-diététiques… ?

Ce nouvel ouvrage est avant tout destiné aux médecins et aux soignants. Il sera également indispensable à ceux qui accompagnent les patients dans leurs soins et leur quotidien. Sans parler des malades eux-mêmes, bien sûr, dont le niveau de compétence surprend parfois bien des professionnels ! VIH : complications et comorbidités, coordonné par Christine Katlama, John Libbey Eurotext, 29 euros, 180 pages.