VIH : une bithérapie pour alléger le traitement
29 mai 2017
Franco Volpato/shutterstock.com
Dans les pays à faible revenu, l’allégement des traitements pour les patients séropositifs au VIH est un enjeu majeur. Un essai mené dans trois pays d’Afrique a permis de passer de la trithérapie à une bithérapie en deuxième ligne de traitement. Des résultats prometteurs.
« Les traitements de seconde ligne contre le VIH recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans les pays à ressources limitées ont une très bonne efficacité », souligne l’ANRS. Cependant, il serait bénéfique d’alléger ces thérapeutiques en trithérapie, pour en améliorer l’observance notamment. L’enjeu ? Maintenir une charge virale indétectable avec des traitements moins lourds.
Deux stratégies ont été comparées au cours de l’essai clinique ANRS 12286 MOBIDIP mené* au Cameroun, au Burkina Faso et au Sénégal entre 2014 et 2016. Une monothérapie à base d’inhibiteur de la protéase boosté (IPB) et une bithérapie associant ce dernier à la lamivudine. Peu chère, bien tolérée et souvent utilisée dans les traitements de première ligne, celle-ci a déjà montré une bonne efficacité.
Seulement 3% d’échecs en bithérapie
Les 265 patients suivis pendant une durée de 96 semaines présentaient, au début de l’étude, une charge virale inférieure à 200 copies/ml. La moitié des patients de l’étude a reçu la monothérapie et l’autre moitié la bithérapie. Objectif, comparer les taux d’échec des deux stratégies en guettant une éventuelle remontée de la charge virale au-dessus de 500 copies/ml.
Résultats, « la bithérapie associant la lamivudine a montré seulement 3% d’échec, contre 24,8% pour la monothérapie », indiquent les auteurs. Lesquels ont également constaté une plus forte augmentation des lymphocytes CD4 chez les patients suivant la bithérapie, signe de renforcement du système immunitaire.
« L’essai a ainsi permis de valider, pour la première fois, une stratégie d’allégement thérapeutique de deuxième ligne, moins chère et mieux tolérée que les trithérapies chez des patients présentant de multiples mutations », concluent les auteurs. « Cette bithérapie pourrait ainsi répondre aux contraintes économiques et de suivi virologique qui pèsent sur les pays aux ressources limitées. »
*par Laura Ciaffi du laboratoire TransVIHMI (laboratoire mixte de recherche Inserm-IRD-Université de Montpellier), le Pr Sinata Koulla-Shiro et ses collègues du site ANRS Cameroun, du Burkina Faso et du Sénégal
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Source : ANRS, IRD, Inserm, 29 mai 2017
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet