Zoom sur la greffe de cornée

07 décembre 2018

La cornée est la membrane antérieure et transparente de l’œil. C’est par elle que la lumière pénètre, nous permettant ainsi de voir clairement. Et lorsque celle-ci perd de sa transparence, une greffe est à envisager. Quand faut-il intervenir ? Comment se déroule l’opération ? Les réponses du Dr Adib Hemade, ophtalmologue au CHU d’Angers.

Plusieurs événements peuvent conduire à une greffe de cornée. Cette membrane peut en effet être frappée d’opacification ou de déformation. « C’est le cas pour un patient touché par un kératocône, une pathologie au cours de laquelle la cornée s’amincit progressivement, perd sa forme sphérique normale et prend une forme de cône », explique le Dr Hemade. « Certaines maladies de l’endothélium (la couche la plus profonde de la cornée) comme la maladie de Fuchs doivent aussi conduire à la greffe. Tout comme certaines plaies cornéennes consécutives à un trauma. »

La greffe, comment ça marche ?

« La greffe classique consiste à transférer la partie centrale de la cornée d’un donneur à l’œil du patient », continue Adib Hemade. Ensuite, place à un travail de précision. Le greffon est suturé par des fils non résorbables. Durée totale de l’opération : 1 heure. « La vision du patient s’améliore en général en plusieurs semaines, voire quelques mois ».

Il faut savoir que le risque de rejet est très faible. « En effet, cette zone n’est pas vascularisée », explique le Dr Hemade. « Par ailleurs, ce risque est très facilement contrôlable : les anti-rejets prennent la forme de goutes oculaires ».

La promesse de la greffe endothéliale

Dans la maladie de Fuchs ou lorsque l’on rencontre des problèmes inhérents à une opération de la cataracte, il est possible de ne pas effectuer une greffe totale. C’est l’option « greffe endothéliale ». « Seul l’endothélium est remplacé. Une petite ouverture nous permet de retirer l’endothélium pathologique et de le remplacer par un greffon. Les risques de rejet sont encore moins importants dans la mesure où l’on intervient sur moins de tissus que pour une greffe classique. »

Casser les idées reçues

Seul bémol concernant la greffe de cornée : la disponibilité des greffons. « Pour le moment, à Angers nous sommes en flux tendu », explique le Dr Hemade. « Nous ne sommes pas encore en situation de pénuries de greffon. Mais il ne faudrait pas que la demande augmente. » En fait, selon l’Agence de la biomédecine, « les besoins en cornées ne cessent de croître et doivent motiver les acteurs à maintenir l’effort au prélèvement ».

Problèmes, les donneurs manquent à l’appel. Pourquoi ? « De nombreuses familles imaginent encore que prélever la cornée d’un défunt, c’est prélever l’œil et donc porter atteinte à l’intégrité du corps. Il n’en est rien. Seule la membrane superficielle est retirée. L’iris est conservé. La couleur de l’œil et le globe oculaire restent eux-aussi. »

  • Source : Interview du Dr Adib Hemade, 5 décembre 2018

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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