Zoom sur les cancers du sang

07 septembre 2021

Leucémies, lymphomes, myélome… Ce sont trois « cancers du sang », appelés plus précisément « cancers hématologiques » ou encore « hémopathies malignes ». Quelles sont les différences entre ces trois cancers, comment se manifestent-ils, quels sont les principes de leur prise en charge ? A l’occasion du mois des cancers du sang, les réponses du Dr Françoise Huguet, hématologue au CHU de Toulouse.

Leucémies, lymphomes, myélome figurent parmi les cancers du sang les plus fréquents. Selon l’Institut Curie, ces cancers touchent chaque année en France 33 000 personnes, plus particulièrement aux deux extrêmes de la vie : enfants, jeunes adultes et personnes âgées.

« Les spécialistes parlent de cancers des organes hématopoïétiques », explique le Dr Françoise Huguet. « L’hématopoïèse désigne l’ensemble des mécanismes impliqués dans la fabrication des cellules sanguines, notamment au sein de la moelle osseuse, substance à l’intérieur de la plupart des os, à ne pas confondre avec la moelle épinière. » Une fois produites, ces cellules seront transportées dans le sang vers différentes parties du corps où elles réaliseront leur fonction : les globules rouges transporteront l’oxygène, les globules blancs sont impliqués dans la défense immunitaire, et les plaquettes dans la coagulation du sang, c’est-à-dire le processus permettant de limiter le saignement lors d’une blessure.

On distingue trois grandes familles de cancers du sang :

« Les leucémies prennent naissance au niveau de la moelle osseuse, où s’accumulent des globules blancs immatures appelées blastes, tandis que la production de cellules normales diminue, se traduisant par une anémie (baisse des globules rouges dans le sang), un risque de saignement et d’infections », précise le Dr Huguet. « D’autres manifestations peuvent accompagner les leucémies comme des douleurs osseuses, des atteintes cutanées et du système nerveux central (cerveau, méninges). »

Les lymphomes se développent au niveau des ganglions lymphatiques et de la rate. « Ils sont dus à un dysfonctionnement dans la fabrication des globules blancs nommés lymphocytes, des cellules du système immunitaire. L’ensemble des organes peuvent être touchés, notamment les poumons, l’appareil digestif ou encore le système nerveux central. »

Le myélome est une prolifération dans la moelle osseuse de cellules immunitaires appelées plasmocytes. Ces cellules fabriquent des protéines, les immunoglobulines, qui constituent les anticorps, et qui sont donc anormales dans le myélome. Cette maladie peut entraîner une atteinte des os, parfois accompagnée de douleurs et de fractures, une anémie, une insuffisance rénale, une augmentation du taux de calcium dans le sang.

Quelle prise en charge ?
« Le diagnostic repose sur différents examens biologiques et d’imagerie qui permettent aussi de mesurer la masse tumorale, parfois classée en « stades ». De nouvelles techniques sont capables de dresser une carte d’identité des cellules, en identifiant par exemple les mutations de certains de leurs gènes.
Ainsi, à côté de la chimiothérapie qui empêche les cellules de se multiplier de manière anarchique, nombre de cancers hématologiques peuvent bénéficier d’une option complémentaire : les thérapies ciblées qui s’appuient sur les caractéristiques individuelles des cellules tumorales. Enfin l’immunothérapie peut s’avérer également efficace en stimulant le système immunitaire pour qu’il lutte contre les cellules tumorales. La greffe de cellules hématopoïétiques dite « greffe de moelle » combine l’action d’une chimiothérapie à forte dose et d’effets immunitaires. De nouveaux procédés viennent aujourd’hui améliorer encore l’efficacité de tous ces traitements », conclut le Dr Françoise Huguet. « Pour améliorer leur tolérance, c’est-à-dire diminuer leurs effets secondaires, les « soins de support » (transfusions, antibiotiques, médicaments anti-douleurs, etc…) sont fondamentaux ».

Quel accompagnement ?
Comme pour d’autres cancers, les patients peuvent parfois vivre des années avec leur maladie. C’est pourquoi, un accompagnement personnalisé doit être mis en place. Le laboratoire Pfizer propose à travers son site d’information Pactonco.fr des articles et des brochures sur les leucémies. De plus, en partenariat avec l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (AFSOS), il a aussi élaboré un site internet, LaVieAutour.fr, qui permet de géolocaliser en France métropolitaine les associations proposant des soins de support non médicamenteux pour aider les patients à mieux vivre avec le cancer au quotidien.

De nombreuses associations soutiennent également les patients et leurs proches : Actions Leucémie, AF3M (Association Française des Malades du Myélome Multiple), Association Laurette Fugain, CCM (Connaitre et Combattre les Myélodysplasies), ELLyE (Ensemble Leucémie Lymphomes Espoir).

  • Source : Interview du Dr Françoise Huguet, juillet 2021

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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