Cancers : la révolution Arronax
04 juin 2010
Près de 150 ans après la parution de 20 000 lieues sous les mers, le Pr Arronax, ce naturaliste français capturé par le capitaine Nemo, a donné son nom au dernier-né des… cyclotrons à usage médical. Clin d’œil au nantais Jules Verne, cet équipement hors-normes est installé près de Nantes justement, sur le site du Centre de Lutte contre le Cancer René Gauducheau. Grâce à cette machine unique de véritables révolutions sont en vue. Et elles concernent aussi bien le diagnostic que les traitements des cancers.
Ce cyclotron va permettre en effet, de produire à grande échelle des éléments radioactifs présents en quantités infimes à l’état naturel. A l’image par exemple du rubidium-82. Injecté par voie intraveineuse, il possède la particularité de se « capter » au myocarde, le muscle cardiaque.
Grâce à des systèmes d’imagerie perfectionnés (type Tomographie par Emissions de positrons ou TEP), il permet un diagnostic ultra-précis de certains troubles coronaires. La durée de l’examen est également raccourcie de plusieurs heures à… 30 minutes seulement, ce qui permet d’accueillir davantage de patients ! Et l’irradiation du malade se trouve diminuée d’un facteur 2 à 3 par rapport aux techniques conventionnelles d’imagerie. Utilisé depuis plusieurs années aux Etats-Unis, le rubidium-82 devrait, grâce à Arronax, être disponible en Europe dès 2011 pour l’imagerie TEP de la maladie coronaire.
Le principe est similaire en oncologie avec des molécules suivies à la trace dans l’organisme, jusqu’aux tumeurs cancéreuses. C’est ainsi que ces dernières sont révélées de façon très précoce grâce au cuivre-64. Contrairement au rubidium-82, il n’est pas directement injecté au malade. Il doit au préalable être couplé à une molécule ayant une affinité particulière pour les cellules malades. A terme, il devrait aussi permettre d’étudier la vitesse de prolifération d’une tumeur. Ainsi que sa capacité à répondre à tel ou tel traitement.
Professeur de médecine nucléaire à Nantes, Jean-François Chatal cite encore l’exemple du cuivre-67, qui « « émet beaucoup moins de rayons gamma et n’imposera donc plus de maintenir confinés les malades après leur traitement ». Bref, toute la communauté scientifique et bien sûr les patients, attendent les premières « productions » de cet équipement unique au monde, « d’une puissance deux fois supérieure à celles qui existent ailleurs » (dixit Chatal). Encore un peu de patience…