Nuage radioactif sur la France : quels risques ?
21 mars 2011
Alors que la situation s’aggrave autour de la centrale nucléaire de Fukushima, le nuage radioactif devrait bientôt atteindre le territoire français, selon les prévisions de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Ce lundi déjà dans les Antilles et sur Saint-Pierre-et-Miquelon puis entre mercredi et jeudi sur l’Hexagone. Toutefois, les retombées radioactives devraient rester sans conséquences sanitaires et environnementales. Le panache sera cependant analysé à la loupe pendant plusieurs jours par les stations de détection de polluants radioactifs sur tout le territoire.
La pollution due au nuage de particules radioactives venu du Japon devrait rester « à des niveaux extrêmement bas », a assuré ce lundi André-Claude Lacoste, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Les retombées seraient même « 1 000 à 10 000 fois moins importantes que celles de Tchernobyl », a-t-il ajouté. Pourquoi ? La grande distance – plus de 15 000 km – qui sépare la France du Japon – permet au nuage radioactif de se disperser suffisamment pour que « la détection de particules devienne très difficile », explique Philippe Renaud, chef du Laboratoire d’études radio-écologiques en milieux continental et marin à l’IRSN. De plus, la quantité de radioactivité relachée dans l’air reste – encore – inférieure à celle de l’accident de la centrale ukrainienne.
« Nous allons nous efforcer, avec les moyens les plus performants à notre disposition, de déterminer le taux de contamination de l’air et des aliments les plus exposés », ajoute-t-il. Pendant plusieurs jours, les scientifiques de l’IRSN vont ainsi prélever entre 300 et 700 m3 d’air par heure. Soit environ 78 000 m3 en tout. Toutefois, « il n’est même pas sûr que nous puissions détecter des traces d’isotopes radioactifs dans l’air en France », explique Philippe Renaud. Les premiers prélèvements de référence sont déjà effectués ce lundi. Les résultats seront publiés sur le site de l’IRSN, et mis à jour toutes les 4 heures.
Au Japon, les vents repoussent la pollution radioactive vers les zones habitées, dans l’intérieur du pays, indique la CRIIRAD. Dans la province de Takahagi, dans le nord, « le débit de dose a été multiplié par 10 entre 11h30 et 14h ». Les produits alimentaires quant à eux présentent également une contamination de plus en plus visible. « Les analyses révèlent des niveaux de radioactivité extrêmement élevés dans des épinards et dans du lait », précise la CRIIRAD. Ils peuvent atteindre 15 000 Bq/kg, soit un taux 27 fois supérieur à la limite en vigueur au Japon.
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Source : Interview de Philippe Renaud, chef du Laboratoire d’études radio-écologiques en milieux continental et marin à l’IRSN, 21 mars 2011 ; CRIIRAD, 21 mars 2011 ; ASN, 21 mars 2011