Vivre sa sexualité avec un handicap
24 février 2011
France 2 diffuse ce soir jeudi 24 février, le deuxième volet d’une trilogie consacrée à la sexualité. Sexe, amour et handicap aborde un sujet trop souvent frappé de tabou : la sexualité des personnes handicapées. Le réalisateur y pose une question toute simple : « Comment, lorsque l’on est handicapé moteur, déficient intellectuel ou atteint d’une maladie dégénérative, envisager une relation amoureuse ? Surtout quand, du simple citoyen aux responsables politiques, tous nient ce besoin vital ? » La réponse est nettement moins facile à formuler.
« Nous vivons une époque qui déborde de bons sentiments » déplore le réalisateur Jean-Michel Carré, . « On parle beaucoup de liberté sexuelle, d’intégration des handicapés. Lorsque les deux sont considérées séparément, cela marche à peu près. Mais lorsqu’elles sont réunies, c’est bien autre chose. Car la sexualité des personnes handicapées reste encore un tabou des plus coriaces ».
Du moins en France. Car en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas comme en Suisse il existe des assistants sexuels. Or cette profession un peu particulière est interdite dans l’Hexagone. Or « l’assistant sexuel » est par exemple formé pour aider les couples lourdement handicapés, dans leurs relations sexuelles. Plusieurs associations de handicapés (par exemple « Choisir sa vie ») souhaiteraient l’implanter en France. Mais d’autres s’y opposent, l’assimilant à une forme de prostitution. Pour l’heure, c’est encore l’avis de la loi française.
Il est rassurant d’une certaine manière, que le débat s’invite aujourd’hui dans les plus hautes instances. Le député UMP de la Loire, Jean-François Choosy, travaille par exemple sur un projet de loi tendant à légaliser les assistants sexuels. Mais en janvier dernier, Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Solidarité et de la Cohésion sociale, s’est déclarée sur l’antenne de nos confrères d’Europe 1 « rigoureusement opposée au recours à des assistants sexuels pour les personnes handicapées. Soit cela relève du bénévolat et donc des relations intimes entre deux personnes. Soit, soyons clairs, ce sont des relations rémunérées en échange d’un service sexuel… auquel cas cela porte un nom. Une rémunération par l’Etat ne paraît (donc) pas possible ».
Le reportage de France 2 donne la parole aux aidants et aux aidés. Au choix de vie des assistants sexuels répondent les témoignages, souvent bouleversants, des handicapés. « C’est un sujet grave et pas une affaire de cul. C’est une affaire d’humanité » explique Marcel Nuss, fondateur de la Coordination Handicap et Autonomie. Quelques images choqueront peut-être certains spectateurs – était-il indispensable d’illustrer certains témoignages ? – mais ce documentaire n’en doutons pas, fera avancer le débat.