Aspartame et cigarette électronique : la taxe ou l’intox?

12 septembre 2013

Dans son édition du jour, le quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France se fait l’écho d’un « rapport secret » portant sur un plan supposé du gouvernement visant à limiter en 2014 le “trou” de la Sécurité sociale:  14,3 milliards d’euros prévus cette année. Ce plan passerait par une offensive tarifaire contre le tabac, l’alcool, les boissons énergisantes mais aussi contre… l’aspartame et la très en vogue cigarette électronique. Ce qui reviendrait à mettre sur un pied d’égalité des produits aux dangers bien avérés, et d’autres dont les risques sont loin d’avoir été démontrés voire considérés comme inexistants. Une « information » immédiatement démentie par les ministères en charge de la Santé et du Budget !

Dans son « Fait du jour » le quotidien énumère ainsi toute une série de taxes :

  • Le tabac en instaurant une taxe qui prendrait la forme d’un prélèvement payable par les buralistes. Recette espérée : 220 millions d’euros ;
  • Les vins transformés (rosés pamplemousse…) soumis à la même taxe que les premix pour 163 millions d’euros ;
  • Les boissons énergisantes pour 12,5 millions d’euros.

Jusqu’ici rien de très surprenant dans la mesure où ces taxes concerneraient des produits dont les risques pour la santé sont avérés. Problème, le plan gouvernemental prévoirait également de mettre à l’index des produits de substitution (aspartame et cigarettes électroniques) dont la nocivité n’est pas avérée… ou franchement contestée. C’est probablement en raison des doutes persistants sur leur innocuité que l’Etat souhaiterait en se réclamant de la santé publique, prélever une obole bienvenue.

Problème, début 2013, l’Agence européenne de Sécurité alimentaire (EFSA) a conclu à l’absence de risque lié à la consommation d’aspartame, y compris chez les femmes enceintes. Un avis dont ne manque pas de se réclamer  l’Association internationale des Edulcorants pour qui « cette taxe ne se justifie pas ! »

Des taxes pour quoi faire ?

Réaction virulente également du côté du Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS). « C’est l’automne : il pleut des taxes. Des taxes comportementales… qui pèseront sur les budgets de ceux qui sont les moins favorisés et qui paient déjà un lourd tribut aux inégalités sociales de santé. Quel progrès ! » s’insurgent ses représentants. Ces derniers ne comprennent pas la logique du Gouvernement. « Si des taxes comportementales peuvent se justifier, pour quelle stratégie de promotion de la santé ? »

Le gouvernement monte à la tribune… et dément

La réponse officielle ne s’est pas fait attendre. Dansun communiqué diffusé ce jeudi  matin, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, et Bernard Cazeneuve, ministre délégué chargé du Budget démentent « avec vigueur » les affirmations du Parisien« La stratégie du gouvernement en matière de prélèvements obligatoires et les mesures les plus significatives prévues pour 2014 ont été présentées mercredi en Conseil des ministres. La présentation détaillée des mesures de financement de la Sécurité sociale aura lieu le 26 septembre prochain lors de la Commission des comptes de la Sécurité sociale. Aucune augmentation des taxes mentionnées dans cet article n’est prévue ». A suivre mais bien entendu, les esprits malins prétendront qu’il n’y a pas de fumée – même d’origine électronique – sans feu…

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Le Parisien/Aujourd’hui en France, édition du 12 septembre 2013 – CISS, 12 septembre 2013

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