Cancer de la prostate : de nouveaux pesticides pointés du doigt

05 novembre 2024

Une récente étude américaine pointe la responsabilité de 22 pesticides associés à la survenue du cancer de la prostate. 19 d’entre eux n’étaient pas connus jusqu’à présent et quatre seraient liés à un risque de mortalité accru.

Cancer le plus fréquent chez l’homme, en augmentation constante, le cancer de la prostate touche chaque année près de 60 000 personnes en France. Une étude de l’Université de Stanford (Californie) publiée le 4 novembre dans la revue Cancer a évalué les associations entre l’exposition à 295 pesticides et la survenue du cancer de la prostate, pour chaque comté des Etats-Unis. En tout, 22 pesticides utilisés outre-Atlantique étaient systématiquement associés au cancer de la prostate, 4 d’entre eux augmentaient le risque de mortalité.  Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont laissé passer un délai de 10 à 18 ans entre l’exposition et l’incidence du cancer, celui-ci étant de croissance lente.

Trois des 22 pesticides identifiés avaient déjà été liés au cancer de la prostate dans de précédentes études. On retrouve notamment le 2,4D, pesticide le plus utilisé aux Etats-Unis, et également disponible en France, classé comme cancérogène probable pour l’homme. Les chercheurs américains ont ainsi identifié 19 nouveaux pesticides qui n’avaient pas encore été associés au cancer de la prostate. Il s’agit de 10 herbicides, des fongicides, des insecticides et d’un fumigant (pesticide qui s’évapore ou se décompose en produits gazeux).

Les quatre substances associées à la mortalité sont des herbicides, le trifluraline, le cloransulam-méthyl et diflufenzopyr et un insecticide, le thiaméthoxame. Parmi ces substances, plusieurs ont été interdites dans l’Union européenne. Mais les auteurs de l’étude s’alarment dans un communiqué : « seule la trifluraline est classée par l’Agence de protection de l’environnement comme un ‘cancérogène humain possible’, tandis que les trois autres sont considérés comme ‘peu susceptibles d’être cancérigènes’ ou ont des preuves de ‘non-cancérogénicité’ ».

Mieux identifier les facteurs de risque

« Cette recherche démontre l’importance d’étudier les expositions environnementales, telles que l’utilisation de pesticides, pour expliquer potentiellement une partie de la variation géographique que nous observons dans l’incidence du cancer de la prostate et les décès à travers les États-Unis », a déclaré l’auteur principal Simon John Christoph Soerensen, de la Stanford University School of Medicine. « En nous appuyant sur ces résultats, nous pouvons faire progresser nos efforts pour identifier les facteurs de risque du cancer de la prostate et travailler à réduire le nombre d’hommes touchés par cette maladie. »

En France, le cancer de la prostate lié à l’exposition aux pesticides est reconnu comme maladie professionnelle depuis 2021. La loi prévoit un délai de prise en charge de 40 ans, sous réserve d’une durée d’exposition de 10 ans. Cela concerne notamment les professions exposées aux pesticides lors de la manipulation ou l’emploi de ces produits, par contact ou par inhalation ou par contact avec les cultures, les surfaces, les animaux traités ou lors de l’entretien des machines destinées à l’application des pesticides.

Pour rappel, plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone – insecticide autrefois utilisé dans les bananeraies -, selon Santé publique France. Les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.

  • Source : Cancer, Anses, INRS

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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