En 2017, je change mon rapport à l’alcool
12 janvier 2017
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En ce début d’année, c’est traditionnellement l’heure des bonnes résolutions. C’est notamment le bon moment pour revoir sa consommation de tabac, se remettre au sport ou se pencher sur sa consommation de boissons alcoolisées. L’alcool justement, à partir de quand parle-t-on d’addiction ? Quel est le rôle des médecins, des proches ? Quelle prise en charge proposer ? Les réponses du Pr Georges Brousse, psychiatre et addictologue au CHU de Clermont-Ferrand.
« Le terme d’addiction correspond à la perte de contrôle vis-à-vis d’une substance ou d’un comportement», précise le Pr Brousse. « Une perte de contrôle qui se répète dans le temps. Le plus souvent, il s’agit d’une consommation liée à un manque d’une substance. Elle se produit pour soulager un besoin, une détresse ».
En matière d’alcool, les niveaux d’addiction sont divers. « Certaines personnes perdent totalement le contrôle. D’autres éprouvent de réelles difficultés, sans pour autant présenter une addiction sévère. Pour autant, ils prennent des risques pour leur santé. Les conséquences sociales et familiales peuvent parfois être importantes. Sans oublier pour certains patients un sentiment de honte qui peut s’installer face à leurs comportements».
Il existe par ailleurs des éléments quantitatifs, des seuils au-delà desquels, le consommateur met sa santé en danger. Pour rappel, on parle de consommation à risque quand elle dépasse 21 verres par semaine pour les hommes et 14 pour les femmes. L’Organisation mondiale de la Santé recommande un jour d’abstinence par semaine.
Repérer les consommations à risque
« En pratique, peu de gens se rendent compte que leur rapport à l’alcool est problématique », explique le Pr Georges Brousse. « Insidieusement, l’addiction s’installe, les consommations deviennent de plus en plus importantes et fréquentes ». Dans ce cas, le rôle des proches et des médecins est capital. « L’entourage peut constater une augmentation progressive de la consommation. Il doit l’évoquer. Il est important de libérer la parole en France sur ce sujet encore tabou. Quant au médecin, il est au cœur du repérage des problématiques liées à l’alcool. »
Une prise en charge centrée sur le patient
Pour le psychiatre, l’objectif premier est de respecter le choix du patient, de le motiver. « Dans un premier temps, nous discutons avec lui de son rapport à l’alcool, puis nous évoquons les risques liés à de fortes consommations, mais on doit surtout entendre son ressenti. Quels sont ses choix ? Est-ce qu’il veut contrôler sa consommation ou devenir abstinent ? Nous travaillons autour d’une alliance thérapeutique, une compréhension de sa souffrance, avec de l’empathie. »
Ensuite en fonction des souhaits du patient, plusieurs stratégies pourront être proposées, soit la réduction progressive, soit l’arrêt d’emblée de la consommation. « La baisse de la consommation diminue de façon proportionnelle les risques », indique le Pr Brousse. Lequel insiste sur l’importance d’associer une aide médicamenteuse à un accompagnement psychothérapeutique. « C’est ce qui fait la force de la prise en charge ».
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Source : Interview du Pr Georges Brousse, décembre 2016
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche