Obésité : la chirurgie peut réduire le risque cardiaque

08 juin 2012

Depuis quelques années, le recours à la chirurgie pour traiter l’obésité, tend à se développer. Quelles sont les techniques pratiquées, quel suivi nécessite cette chirurgie ? Le point avec le Pr David Nocca, chirurgien au CHU de Montpellier.

Avec plus de 30 000 interventions en 2011, la chirurgie de l’obésité – ou chirurgie bariatrique- est de plus en plus pratiquée en France. Elle concerne exclusivement des patients atteints d’obésité morbide, c’est-à-dire ceux dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 40. Et encore : les candidats ne doivent présenter aucune des contre-indications à cette forme de traitement, comme une boulimie par exemple.

Le seuil d’un IMC à 40 n’est pourtant pas intangible. Certains malades dont l’IMC est supérieur à 35 peuvent également bénéficier d’une chirurgie bariatrique s’ils souffrent d’une autre pathologie liée à leur excès de poids : diabète, hypertension artérielle ou syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) par exemple.

Les trois techniques utilisées

– La gastrectomie à manchon consiste en une réduction définitive de l’estomac. C’est l’acte le plus pratiqué en France. «Bien qu’elle soit irréversible, cette opération est souvent réalisée aujourd’hui, car l’obésité est un problème de santé suffisamment grave pour envisager un acte définitif » argumente le Pr Nocca ;

– La pose d’un anneau gastrique pour sa part, n’est pas la méthode la plus souvent privilégiée. « En général, l’anneau altère la qualité de vie des patients car il provoque des vomissements. Dans ce cas s’il devient nécessaire de le retirer, tout le poids perdu sera repris »;

– Si l’équipe médicale juge qu’une réduction définitive n’est pas indispensable, elle pourra recourir à la technique du by-pass. Il s’agit de ménager une dérivation du bol alimentaire, de l’estomac vers l’intestin. Car dans ces conditions, seule une fraction des aliments ingérée sera effectivement assimilée.

C’est le dernier recours

Ce type d’intervention n’est pas mis en œuvre dans un but esthétique. « Avant tout, nous voulons améliorer ou mettre en rémission des pathologies liées à l’obésité, comme l’hypertension artérielle, le diabète de type 2 ou l’hypercholestérolémie » insiste David Nocca.

La chirurgie bariatrique n’est pas pour autant, une solution miracle. « Une opération de ce genre n’est jamais décidée en urgence » prévient notre chirurgien. « Nous travaillons en équipes pluridisciplinaires, comportant notamment un anesthésiste, un cardiologue, un endocrinologue, un nutritionniste, un psychiatre…. Pour tenter d’identifier un problème médical qui aurait pu passer inaperçu ou être négligé. Si la médecine échoue, la chirurgie prendra le relais, mais en dernier recours ».

Un suivi indispensable

Le suivi médical postopératoire des patients est évidemment primordial. Il doit être fait avec régularité, même plusieurs années après l’intervention. Quatre consultations sont prévues la première année, puis une à deux par an.

« Il est indispensable de revoir les patients, de les suivre sur un plan nutritionnel, car les carences en vitamines et en oligo-éléments sont fréquentes. Un régime équilibré leur sera prescrit, où seules les portions seront diminuées ». Sur le plan physique enfin, la chirurgie réparatrice peut être conseillée. Elle visera essentiellement à retirer « l’excès de peau flasque, qui persiste après une si importante perte de poids ».

  • Source : Interview du Pr David Nocca, directeur scientifique de la Société française et francophone pour la Chirurgie de l’obésité et des Maladies métaboliques (SOFFCOMM) - le 5 juin 2012

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