SIDA : un enjeu pour les présidentielles

29 novembre 2011

L’année dernière, 6 300 nouveaux cas d’infection par le VIH ont été enregistrés en France. Il y en avait eu 6 700 en 2009. Cette très légère baisse (de 6% précisément) illustre l’incapacité de notre pays à réduire dans des proportions radicales le nombre de nouvelles infections. Sans compter que différents points préoccupants sont mis en exergue dans l’éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié ce matin.

« La situation épidémiologique de l’infection à VIH reste bien peu satisfaisante dans notre pays », s’insurge le Pr François Dabis, épidémiologiste à l’Université de Bordeaux. « Est-il besoin de rappeler qu’il s’agit là d’une morbidité totalement évitable pour une infection chronique nécessitant un traitement à vie ? » Le propos est virulent. Les premières lignes de cet édito sonnent comme un désaveu des politiques de santé publique menées ces dernières années.

Un chiffre inacceptable

L’auteur d’ailleurs, enfonce le clou. « Le diagnostic est porté très tardivement dans près d’un cas sur trois, avec des pertes de chance conséquentes pour (les patients). L’évolution des conditions d’entrée dans la prise en charge de l’infection peine donc à se faire. Ceci explique en grande partie le maintien d’un chiffre élevé de passage au stade de SIDA maladie, environ 1 500 nouveaux cas par an ». Un chiffre inacceptable, selon lui… « Une personne dépistée tôt et traitée dès que possible selon les recommandations en vigueur, a d’excellentes chances de vivre longtemps ».

Avec 5 millions de tests réalisés en 2010, la pratique du dépistage reste stable en France. Or souligne le Pr Dabis, « le dernier plan national rendu public il y a un an, propose d’intensifier et de diversifier les stratégies de dépistage, notamment par les médecins généralistes qui devraient systématiquement proposer le test ». A 5 mois des Présidentielles, il conclut donc son propos par un appel aux politiques. « La réduction de 80% à 90% des nouvelles infections, probablement atteignables en cinq ans, devrait figurer dans la rubrique « santé » de tous les programmes électoraux qui nous seront prochainement proposés ».

  • Source : BEH 43-44/ 29 novembre 2011

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