Danse, marche active, rapports sexuels… Qu’est-ce qui déclenche l’accouchement ?

30 juin 2025

Meghan Markle, duchesse de Sussex, a récemment commenté une vidéo tournée alors qu’elle s’apprêtait à donner naissance à sa fille Lilibet. Elle y danse dans sa chambre d’hôpital pour provoquer le travail. Danser pour accoucher : info ou intox ? L’avis du spécialiste, le Pr Olivier Morel, gynécologue-obstétricien (CHRU de Nancy) et secrétaire général du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) pour l’obstétrique.

Avec sa séquence désormais virale, connue sous le nom de « baby mama dance », Meghan Markle, duchesse de Sussex et épouse du prince Harry, n’est pas la seule à affirmer que la danse aurait facilité le déclenchement de son accouchement. Nombreuses sont les influenceuses qui se filment elles aussi en fin de grossesse, dansant dans l’espoir de déclencher le travail.

Que dit la littérature scientifique ? 

Le Pr Olivier Morel est formel : « la danse, comme toute activité physique douce (marche active, natation), ne permet pas de déclencher le travail à terme. Aucune donnée scientifique ne va dans ce sens. On dispose au contraire de nombreuses données indirectes montrant que le niveau d’activité physique, quelle qu’en soit la nature, n’a aucun effet sur le terme de l’accouchement. »

L’argument qu’il faciliterait la maturation du col de l’utérus voire la descente du bébé dans le bassin n’est absolument pas démontré. Le CNGOF n’a d’ailleurs formulé aucun avis spécifique en la matière.

Et les rapports sexuels ?

« Sur ce point il existe des études, y compris randomisées (des études scientifiques avec un haut niveau de preuve, ndlr), sur la fréquence des rapports sexuels en fin de grossesse, indique le Pr Olivier Morel. Certaines ont comparé deux groupes : l’un à qui l’on recommandait d’avoir des rapports plus fréquents, l’autre à qui l’on demandait d’en avoir le moins possible. Aucune différence vis-à-vis du déclenchement du travail ! »

Pas de risque d’accouchement prématuré

Plusieurs recherches ont aussi examiné l’éventuelle influence d’une activité physique régulière sur la durée de la grossesse. « Aucune n’a mis en évidence de différence en termes d’âge gestationnel du fœtus à l’accouchement entre les femmes actives et celles qui ne pratiquent aucune activité, affirme-t-il. Autrement dit, l’exercice physique ne déclenche pas l’accouchement, au terme ou au cours de la grossesse. » Les études disponibles sur l’activité physique pendant la grossesse ne montrent pas d’effet sur le risque d’accouchement prématuré.

Au contraire, « on a toutes les raisons d’encourager l’activité physique pendant la grossesse, ajoute-t-il : elle réduit la prise de poids excessive, diminue le risque de diabète gestationnel et présente de nombreux bénéfices pour la santé globale. » Il convient simplement d’éviter les activités exposant à un risque de choc ou de chute. Pour le reste, une activité douce et adaptée reste possible jusqu’au terme.

Les principales contre-indications à l’activité physique en fin de grossesse concernent surtout les femmes présentant un risque de saignement, par exemple en cas de placenta bas inséré ou de complications obstétricales spécifiques.

Quid de l’acupuncture et des plats épicés ?

D’autres pratiques proposées dans certaines maternités, comme l’acupuncture, sont souvent intégrées dans des parcours « physiologiques » du déclenchement de l’accouchement. « Les essais disponibles de très bon niveau scientifiques (dont plusieurs en double aveugle avec groupes placebo) ne montrent pas d’effet spécifique de l’acupuncture – ni sur le déclenchement spontané de l’accouchement, ni sur la durée du travail – au-delà du simple effet placebo, indique le Pr Morel.

Et les plats épicés ? On entend tout et son contraire. Pourtant, « les données disponibles sont claires, tranche le gynécologue-obstétricien : « cela ne change absolument rien ! Dans certains pays, comme l’Australie, on fait boire aux femmes enceintes certaines tisanes dans l’idée de déclencher le travail. Là encore, aucun effet n’a été démontré. D’ailleurs, aucun régime alimentaire ne permet de modifier le terme de l’accouchement. »

Et bouger pendant l’accouchement ?

Danser ou pratiquer une autre activité douce pendant le travail « peut avoir un intérêt, laisse entendre le Pr Morel, à condition que la situation médicale le permette. Traditionnellement, la position allongée a été privilégiée, en particulier pour faciliter la surveillance du rythme cardiaque fœtal et des contractions. Aujourd’hui, de plus en plus de maternités disposent de dispositifs permettant une surveillance continue tout en autorisant une certaine mobilité. Mais il n’existe pas de preuve solide en faveur d’une position particulière pour faciliter le déroulement ou réduire la durée du travail. »

Certains mouvements issus de la danse, comme les cercles de hanches visant à relâcher les muscles du plancher pelvien, pourraient apporter un bénéfice, peut-on lire dans une publication de 2020, du fait d’un effet potentiel sur la réduction de la durée et de l’intensité de la douleur.

« On dispose de données solides montrant que la mobilisation, en particulier en début de travail et donc avant la pose de la péridurale, améliore le confort des patientes et diminue la perception de la douleur, ajoute Olivier Morel. Cela peut passer par des mouvements simples, des exercices sur ballon ou la possibilité de changer de position librement. Ces mesures ont démontré un bénéfice clair sur l’expérience de l’accouchement, même si elles n’ont pas d’effet direct prouvé sur la durée du travail. »

Ainsi, les seules données solides disponibles concernent l’effet bénéfique de la mobilisation corporelle précoce sur le vécu douloureux. Le fait de pouvoir bouger librement, changer de position ou utiliser un ballon améliore le confort des femmes, particulièrement en début de travail.

  • Source : D’après l’interview du Pr Olivier Morel, gynécologue-obstétricien au CHRU de Nancy et secrétaire général du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) pour l’obstétrique (25 juin 2025) ; Physical Activity and Exercise During Pregnancy and the Postpartum Period: ACOG Committee Opinion, Number 804. Obstet Gynecol. 2020 Apr;135(4):e178-e188 ; Dancing during labor: social media trend or future practice? J Patient Cent Res Rev. 2020;7:213-7.

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous offrir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre quelles sections du site Web vous trouvez les plus intéressantes et utiles.

Plus d'informations sur notre politique de cookies sur nos CGU.

Aller à la barre d’outils