











L’Assemblée mondiale de l’OMS s’est accordée à une large majorité sur une Résolution demandant l’arrêt immédiat des “pratiques et politiques (…) qui affectent gravement l’état de santé des civils sous occupation” dans les territoires arabes occupés.
Au total, 26 pays sont intervenus dans un débat rendu plus passionné encore par “la dégradation sans précédent de la situation.” Ce sont les termes employés par le représentant de l’Egypte, l’un des pays porteurs de cette résolution. La délégation palestinienne n’avait pas été autorisée à quitter la Bande de Gaza. C’est ainsi le frère du président de l’OLP, le Dr Fatti Arafat, qui s’est rendu à Genève depuis un pays européen pour plaider sa cause.
Sur 83 votants, 7 seulement se sont opposés au texte: Israël et les Etats-unis, le Canada, les Iles Palaos et Marshall, l’Islande et le Costa Rica. Généralement parce qu’il s’agissait selon eux d’un texte “politique et polémique ne relevant pas du mandat de l’OMS” (USA). Après avoir souligné que “la situation sanitaire (dans les territoires) est bien meilleure que celle de dizaines d’autres groupes dont aucun n’est aussi privilégié que le peuple palestinien“, le délégué israëlien a lui aussi dénoncé “une résolution unilatérale et politisée (…) pire exemple de la mise en exergue d’un seul pays, Israël.” La plupart des délégués ont souligné la brutalité des images dont le monde est témoin depuis l’automne 2000.
Des images soutenues par les rapports présentés à l’Assemblée. D’abord celui Directeur de la Santé de l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East), transmis selon la règle au Directeur général de l’OMS. Puis ceux des autorités israëliennes, de l’autorité palestinienne et du Directeur général de l’OMS… Le responsable de l’UNRWA a souligné “la crise humanitaire dans laquelle les territoires se trouvent plongés depuis octobre 2000, sans une lueur d’espoir.” Il a rappelé les conclusions d’experts indépendants travaillant pour le compte de l’USAID (organisme de coopération des Etats-Unis) et de la Johns Hopkins University de Baltimore (USA): “la malnutrition frappe 43% des femmes et des enfants dans les territoires et 54% dans la bande de Gaza; selon une étude de l’USAID 30% des parents signalent chez leurs enfants des troubles liés au Syndrome de stress post-traumatique; selon la Banque mondiale, 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté; la menace de maladies comme la variole fait peser des risques transfrontières et du fait du mur de séparation, un quart de million d’individus sont coupés des services de soins à Gaza.”
Tout ceci dans un contexte de lassitude internationale. Les pays donateurs deviennent chaque année plus réticents à financer les opérations de secours “qui selon le droit international, relèvent de la responsabilité de l’occupant.” C’est également au droit international qu’a fait référence la délégation suisse pour expliquer son vote en faveur de cette résolution, “en tant qu’état dépositaire des Conventions de Genève.” Quant à l’Union européenne, elle a fait connaître par la voix de sa présidence irlandaise, “sa grave préoccupation de la dégradation des conditions sanitaires“, son “rejet total d’une vague de violences qui doit prendre fin immédiatement” et ses regrets “que le Directeur général de l’OMS ne soit pas en mesure de se rendre dans les territoires occupés” comme il en a reçu le mandat depuis plus de 3 ans.
Source : de nos envoyés spéciaux à Genève, 20 mai 2004 - Photo: UNRWA
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