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Parfois source d’inquiétude, l’utérus rétroversé n’a rien de pathologique. Il résulte simplement d’une particularité anatomique très fréquente chez la femme, sans gravité, sans conséquence sur la santé, la fertilité ou même la grossesse. Présent chez 10 à 20 % des femmes, voire jusqu’à 25 % selon certaines études, l’utérus rétroversé correspond à une inclinaison de l’utérus vers l’arrière. Généralement asymptomatique, il est pour cette raison souvent découvert fortuitement lors d’un examen gynécologique. Lorsque le gynécologue obstétricien pose le spéculum, il s’en rend compte immédiatement car il observe que l’axe du col est vertical et dirigé vers le haut.
En forme de poire inversée, l’utérus est le principal organe de l’appareil reproducteur féminin. Sa partie la plus étroite est le col. Dans la majorité des cas, l’utérus et le col sont orientés vers l’avant, en direction de la vessie : on parle alors d’utérus antéversé. Mais parfois il y a une rétroversion de l’utérus, c’est-à-dire que cet organe s’incline vers l’arrière, en direction du côlon et du rectum.
Certaines femmes dont l’utérus est rétroversé consultent pour des douleurs pendant les rapports sexuels. Ces « dyspareunies » peuvent survenir lorsque le pénis du partenaire vient buter contre le col de l’utérus, qui se trouve plus proche du vagin lorsque l’utérus est rétroversé. Néanmoins, la littérature scientifique de bonne qualité est pauvre sur ce sujet.
L’une des rares études publiées sur le sujet est française et provient d’une équipe parisienne coordonnée par le Pr Arnaud Fauconnier (CHU de Poissy–Saint-Germain). Son objectif était de déterminer si une rétroversion isolée pouvait, à elle seule, être à l’origine de douleurs pelviennes. Cent onze femmes préménopausées, venues pour un examen de routine dans un service de gynécologie hospitalier ou en cabinet privé, ont été évaluées pour des douleurs pelviennes chroniques à l’aide d’un questionnaire. La position et la mobilité de l’utérus ont été examinées lors d’un examen pelvien.
Parmi elles, 24,3 % présentaient un utérus rétroversé et 75,7 % un utérus antéversé ou en position intermédiaire. La rétroversion utérine était associée à une prévalence plus élevée de dyspareunie (66,7 % contre 42,1 %). Même s’il s’agit d’une petite étude avec un faible effectif, les auteurs en ont conclu que la rétroversion utérine semble effectivement associée à des douleurs lors des rapports sexuels avec pénétration vaginale.
En cas de fortes douleurs pelviennes liées à une rétroversion utérine, le couple peut adapter ses positions. Il est conseillé d’éviter celles où la pénétration est profonde, comme la levrette, et de privilégier des positions plus superficielles, telles que le missionnaire ou la cuillère.
Si une douleur a malgré tout été ressentie fortement, les médicaments anti-inflammatoires peuvent la soulager. Mais si toutes les positions s’avèrent douloureuses, dans certains cas peu fréquents néanmoins, même en conditions favorables (usage de lubrifiant, détente, confiance), il est préférable de consulter pour en identifier la cause et envisager un traitement adapté.
A noter : après une grossesse et un accouchement, l’utérus peut parfois reprendre une position plus antérieure, avec une rétroversion dite intermédiaire.

Source : Site du CNGOF ; Fauconnier A, Dubuisson JB, Foulot H, et al. Mobile uterine retroversion is associated with dyspareunia and dysmenorrhea in an unselected population of women. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2006 Aug;127(2):252-6.

Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet