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55 millions de personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer dans le monde. Un chiffre qui devrait augmenter de 35 % au cours des cinq prochaines années. Une équipe de chercheurs de l’Université de Virginie (Etats-Unis) travaille sur l’importance des réseaux périneuronaux dans le cerveau. Ils ont déjà mis en évidence que ces réseaux qui entourent les neurones permettent une communication optimale entre eux – communication indispensable à la formation de nouveaux souvenirs.
Dans une étude récente, dont les résultats ont été publiés dans la revue Alzheimer’s & Dementia, the journal of the Alzheimer association, ces mêmes chercheurs ont découvert que les souris, dont les réseaux périneuronaux étaient défectueux, perdaient leur capacité à se souvenir des autres souris alors même qu’elles pouvaient encore mémoriser des objets de leur environnement. Elles perdaient leur mémoire sociale. « Ce phénomène est similaire à celui observé chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, où la mémoire sociale est souvent altérée avant la mémoire des objets », expliquent les auteurs de l’étude dans un communiqué publié le 10 novembre.
La préservation de ces réseaux permettrait-elle alors de préserver la mémoire sociale du sujet atteint ? Les chercheurs ont eu recours aux inhibiteurs des métalloprotéinases matricielles (inhibiteurs des MMP). Ces médicaments bloquent l’action de ces enzymes, responsables de la dégradation des composants de la matrice extracellulaire. Cette classe de médicaments est déjà testée dans le traitement du cancer et de l’arthrite afin d’étudier leur capacité à protéger les réseaux périneuronaux. Un essai concluant puisque les inhibiteurs de MMP ont permis de freiner, chez les souris, la dégradation des réseaux et de préserver leur mémoire sociale.
« Découvrir une modification structurelle qui explique une perte de mémoire spécifique dans la maladie d’Alzheimer est extrêmement encourageant, a déclaré le Pr Herald Sontheimer, directeur du département de neurosciences de l’Université de Virginie. Il s’agit d’une cible totalement nouvelle, et nous disposons déjà de candidats médicaments prometteurs. »
Dès lors, l’étape suivante consiste à mener des essais chez l’homme afin de vérifier si le ciblage des réseaux périneuronaux pourrait offrir des bénéfices similaires. Les chercheurs sont optimistes quant à l’efficacité de la molécule, puisque les modifications observées dans le cerveau de la souris correspondent à celles observées chez les patients atteints d’Alzheimer.
« Bien que nous disposions de médicaments capables de ralentir la disparition des réseaux périneuronaux, et donc la perte de mémoire liée à la maladie, des recherches supplémentaires sur l’innocuité et l’efficacité de notre approche sont nécessaires avant d’envisager son application chez l’humain », souligne le Pr Sontheimer

Source : Université de Virginie, Alzheimer’s & Dementia: The Journal of the Alzheimer’s Association

Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet