Accidents chimiques, nucléaires… Un cube pour décontaminer les victimes

11 mai 2023

En cas d’exposition à des produits chimiques ou encore nucléaires, il est urgent de décontaminer les personnes exposées... et de le faire en toute sécurité. C’est pourquoi le CHU d’Angers s’est doté d’un nouveau dispositif mobile, opérationnel en moins de 30 minutes. Reportage.

Tokyo, 1995. Une attaque terroriste au gaz sarin fait 13 morts et plus de 6 000 blessés dans le métro de la capitale japonaise. Dans les 2 heures suivant l’attentat, plus de 500 personnes contaminées par le neurotoxique se présentent aux urgences de l’hôpital Tokyoïte St Luke. Et ce, avant même la mise en place d’une chaîne de décontamination ! Les conséquences sont alors désastreuses puisque les équipes soignantes de l’hôpital sont, à leur tour, contaminées en masse !

Agir vite

Un événement heureusement rare qui rappelle néanmoins l’importance d’agir vite et en toute sécurité pour éviter tout risque de contamination croisée. Car les risques sont parfois plus proches qu’on ne l’imagine : un accident industriel au sein d’une usine classée Seveso, des élèves en sortie scolaire exposés à des produits phytosanitaires lors d’un épandage, un attentat terroriste chimique durant un rassemblement sportif… « Il est important de disposer d’une unité de décontamination hospitalière à tout moment », explique le Dr Delphine Douillet, médecin urgentiste au CHU d’Angers. Lequel établissement s’est doté d’un nouveau dispositif pour les victimes d’accidents chimiques, radiologiques ou nucléaires. Son nom : le DéconCube.

Prêt en 30 minutes

7 mètres sur 4 pour une hauteur de 2m70. Opérationnel en 30 minutes, le DéconCube est montable et démontable à loisir. Objectifs : « décontaminer au plus vite les victimes avant leur prise en charge dans les services de soins et éviter toute propagation de la contamination au sein de l’hôpital et ainsi protéger les soignants et les autres patients », précise le Dr Guillaume Bouhours, médecin référent Situation Sanitaire Exceptionnelle au CHU d’Angers. Il ajoute que le CHU disposait déjà d’un système de décontamination, mais « plus compliqué à mettre en place ».

10 à 15 minutes de décontamination

Le DéconCube, comment ça marche ? Comme le décrit Damien Chauvat, du Centre d’enseignement des soins d’urgence au CHU, « cette décontamination se divise en 4 phases. La première consiste à retirer tous ses effets personnels comme les bijoux, les vêtements qui ne passent pas par la tête comme les vestes, les pantalons… Les vêtements restant comme les tee-shirts sont ensuite découpés pour être ôtés plus facilement. Puis vient la phase de la douche avec savon. Suit l’étape du rinçage. Et enfin celle de l’habillage avec un pyjama à usage unique. »

Les eaux contaminées sont quant à elles recueillies dans deux réservoirs, sortes de grandes poches hermétiques de 3 mètres cube chacune, le temps de connaître l’origine de la contamination. « L’utilisation du cube mobilise huit décontaminateurs – équipés de gants, masque, combinaison étanche – qui se relaient toutes les heures. Chaque heure, 25 personnes peuvent être décontaminées. » Ce qui permet au CHU d’Angers de réaliser rapidement les premières décontaminations en attendant l’unité référente pour les Pays de la Loire basée au CHU de Nantes.

A noter : Au total, 90 personnels hospitaliers ont été formés au sein du CHU angevin afin de permettre une mobilisation à tout instant.

  • Source : CHU d’Angers

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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