Accouchement : supplément en oxygène, inutile dans la majorité des cas
12 janvier 2021
Pendant l’accouchement, si les poussées sont de plus en plus difficiles et que le rythme cardiaque du nouveau-né faiblit, de l’oxygène est souvent fourni à la maman pour assurer une bonne ventilation du nourrisson. Mais dans la majorité des cas, cette technique ne s’avère pas nécessaire à la bonne santé du petit.
A la naissance, le manque d’oxygène du nourrisson peut endommager le cerveau, phénomène à l’origine de retards du développement, de paralysie cérébrale voire de décès. En prévention, les femmes sont mises sous oxygène si le rythme cardiaque du petit présente des anomalies. Et ce dans l’idée d’augmenter le niveau d’oxygène disponible pour le nourrisson.
Dans la pratique ce recours est fréquent. Cependant les bénéfices escomptés pour la santé de l’enfant sont mal connus, et créent un certain dissensus entre les équipes médicales.
Pour en savoir plus, des chercheurs américains* ont analysé 16 études menées entre 1982 et 2020 analysant les cas de 2 052 femmes pendant leur accouchement. Les scores d’Apgar** évaluant la vitalité du nouveau-né à la naissance ont été relevés.
80% des manques d’oxygène sont transitoires
Résultat, les enfants nés de mères suppléées en oxygène n’étaient pas en meilleur ou moins bonne santé, comparés aux petits nés de femmes dont la salle d’accouchement avait simplement été ventilée. La supplémentation en oxygène ne semble donc pas faire ses preuves.
« Cette pratique est commune car il est supposé que donner de l’oxygène à la maman augmente le transfert d’oxygène vers le petit », déclare le Pr Nandini Raghuraman, principal auteur de l’étude. Certes, « le monitoring fœtal permet de détecter des anomalies comme un manque d’oxygène du petit. Mais dans 80 % des cas, le manque d’oxygène est transitoire et ne relève pas d’une haute gravité. Dans ces cas précis, la supplémentation d’oxygène n’est pas nécessaire. »
*Washington University School of Medicine in St. Louis
**Test effectué à 1 et 5 minutes de la naissance répété en cas d’anomalies. Ce dernier repose sur une notation de 0 à 2 de l’Apparence (la couleur), du Pouls (la fréquence cardiaque), de la Grimace (la réactivité), de l’Activité (le tonus) et de la Respiration (la fréquence respiratoire).
-
Source : JAMA Pediatrics, le 4 janvier 2021
-
Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet