Alcool à l’adolescence : risques à long terme
09 janvier 2013
Pour l’OMS, le Binge drinking correspond à “la consommation d’au moins 5 verres pour un homme, et 4 verres pour une femme, lors d’une même occasion”. © Phovoir
L’addiction à l’alcool concerne aujourd’hui, environ 5 millions de Français. Depuis quelques années par ailleurs, certains comportements comme le binge drinking venus du monde anglo-saxon, tendent à se banaliser auprès de publics de plus en plus jeunes. Et si le fait la consommation d’alcool à l’adolescence, augmentait la vulnérabilité à l’âge adulte ? Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Unité INSERM ERi 24 d’Amiens, ont exploré chez le rat, les effets à long terme d’une alcoolisation massive et fréquente. Leurs résultats laissent songeur…
Ils ont ainsi exposé des rats adolescents à des intoxications alcooliques répétées. Si le terme « d’adolescents » pour qualifier des rats vous surprend, sachez que ces rongeurs sont considérés comme à l’âge ingrat, entre 30 et 40 jours après leur naissance. Ils sont précoces, les bougres !
Cette consommation était censée mimer le tristement célèbre Binge drinking – c’est-à-dire l’ingestion massive et rapide d’alcool – chez l’homme. Le but étant de savoir si cette motivation à boire à l’adolescence pouvait créer une addiction plus tard dans la vie.
Résultat, « des intoxications répétées à l’adolescence, alors que le cerveau n’a pas terminé sa maturation, entraînent une perte de contrôle de la consommation d’alcool à l’âge adulte » explique Mickaël Naassila, l’auteur principal de l’étude. En clair, les rats adultes exposés à des ivresses précoces durant l’adolescence, sont plus vulnérables à la dépendance alcoolique.
Les chercheurs se sont également intéressés au degré de motivation des rats pour consommer de l’alcool. En leur laissant le choix entre un biberon d’eau ou d’alcool, ils ont montré que les adultes exposés précocement à l’alcool, faisaient preuve d’une motivation excessive pour en obtenir à nouveau.
Enfin l’intoxication alcoolique répétée au cours de l’adolescence, provoque des modifications neurologiques directement observables. Les chercheurs ont ainsi démontré qu’une sous-région bien précise du noyau accumbens – une zone cérébrale impliquée dans l’addiction – se révèle à long terme, moins réactive à une nouvelle exposition à l’alcool. Pour les auteurs, «bien qu’elle ait été menée chez le rat, cette étude confirme qu’une consommation répétée d’alcool à l’adolescence, façon ‘binge drinking’, rend les sujets adultes plus vulnérables à l’alcool ».
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par Emmanuel Ducreuzet et Marc Gombeaud