Alcool et grossesse : des risques mal compris
10 mars 2009
Trop peu de femmes en âge de procréer connaissent les risques liés à la consommation d’alcool en cours de grossesse. C’est l’inquiétude majeure qui ressort du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié aujourd’hui, dans le cadre d’un numéro spécial sur le thème Femmes et addictions.
Stéphanie Toutain de l’Université Paris Descartes, est parvenue à cette conclusion après avoir analysé les discussions de 42 internautes – toutes enceintes – sur divers forums ! Elle est formelle : « la recommandation d’abstinence est mal comprise par les femmes, qui connaissent peu les conséquences de la consommation d’alcool sur l’enfant à naître ».
Stéphanie Toutain explique pourtant, que ces femmes sont informées. Grâce notamment aux médias mais aussi pour certaines, grâce à leur gynécologue. Encore que « les professionnels de santé semblent assez mal à l’aise pour aborder le sujet. (…) », poursuit-elle. « La consommation d’alcool pendant la grossesse constitue pour eux un véritable tabou. En raison d’une part du déni de l’alcoolisme féminin, et de la peur de heurter ou de culpabiliser la femme enceinte ».
Plus grave, certains médecins seraient curieusement « peu ou pas informés des risques et des conséquences », associés notamment au syndrome d’alcoolisation fœtale. Ils seraient donc peu enclins à condamner clairement et fermement l’usage de l’alcool en cours de grossesse.
Résultat, ces femmes enceintes solliciteraient finalement l’avis de… leur mère ! Laquelle bien souvent leur explique qu’il lui est bien arrivée de consommer de l’alcool lors de sa ou des ses grossesses, sans avoir observé de conséquences dramatiques. C’est ainsi que l’expérience personnelle se voit érigée en grande théorie scientifique… Retard de croissance, modification du périmètre crânien, troubles psychiques pour ne citer que ces conséquences, les effets de l’alcool sur l’enfant à naître sont pourtant réels. Voilà pourquoi, pendant la grossesse, c’est zéro alcool !