Alcool : savoir reconnaître la dépendance
13 février 2012
Malgré le déni qui l’entoure, la dépendance à l’alcool est une vraie maladie. Comment la définir ? Quels sont les moyens de la reconnaître ? Et la prise en charge ? « De plus en plus de thérapies sont mises en place aujourd’hui », explique le Dr Philippe Batel, psychiatre addictologue à l’hôpital Beaujon-Val de Seine à Clichy.
La dépendance à l’alcool est un processus qui relève à la fois de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Biologiquement, la réaction du cerveau et sa vulnérabilité en présence d’une drogue sont génétiquement déterminées. Les facteurs psychologiques sont, pour leur part associés au vécu personnel d’un individu : deuil, traumatismes sexuels… Enfin, les facteurs environnementaux sont liés au rapport qu’un sujet entretient avec l’alcool, à travers son lieu de vie, par exemple.
Des repères fiables existent pour reconnaître une dépendance alcoolique. Un verre standard correspond à 10 g d’alcool. « Pour un homme, la consommation devient problématique lorsqu’elle dépasse 21 verres standards par semaine, ou 4 par occasion de boire. Chez la femme, le seuil se situe à 14 verres par semaine ou 3 par occasion de boire souligne le Dr Batel.
Pourtant, il ne faut pas rapporter ces chiffres à une consommation quotidienne. Un individu peut boire moins de trois verres par jour en semaine ce qui paraît raisonnable, mais dépasser le seuil des 21 verres si l’on y ajoute la consommation des week-ends !
Lorsqu’une aide devient indispensable…
Une fois la dépendance alcoolique établie, le malade aura besoin d’aide. Dans un premier temps, des entretiens à l’hôpital ou en centre spécialisé seront instaurés. Ils s’échelonneront sur une période de six mois à un an, selon la volonté du patient. Cette première phase le prépare au sevrage. Puis il choisira lui-même s’il veut être sevré à domicile ou en centre spécialisé. Pour l’aider à maintenir son abstinence, un traitement médicamenteux peut être envisagé.
Tout ceci vise à un réapprentissage de la notion de contrôle. Le patient choisit sa thérapie, il est donc également capable de choisir sa façon de boire. « L’abstinence totale est en effet remise en cause aujourd’hui et une faible consommation peut être envisagée, pour certains malades » explique le Dr Batel. La dernière étape consiste en une psychothérapie à laquelle ses proches peuvent participer, s’ils le souhaitent.
Pour aller plus loin : « En finir avec l’alcoolisme » du Dr Philippe Batel, éditions La Découverte