Aliments aphrodisiaques : mythe ou réalité ?

24 septembre 2013

Depuis la nuit des temps, l’Homme accorde à certains aliments des vertus de stimulation sexuelle. Chocolat, gingembre, asperges, cannelle… Autant de substances dites aphrodisiaques, en référence à Aphrodite, la déesse de l’amour et de la beauté dans la mythologie grecque. Seul problème, de taille, aucune étude scientifique digne de ce nom n’a réussi à démontrer ces allégations.

Que d’histoires, d’écrits, d’anecdotes autour des aliments aphrodisiaques. Jacques Diezi, professeur honoraire à l’Université de Lausanne, spécialiste en pharmacologie et toxicologie, s’est lancé dans une brève histoire des aphrodisiaques. « La première prescription historique d’un probable aphrodisiaque est sans doute celle qui remonte à quelque 1 500 ans av. JC, inscrite sur un papyrus égyptien, et qui se lit : ‘refroidir les vaisseaux, durcir ce qui est mou. Feuilles de paliure ; Feuille de mimosa ; Miel ; broyer dans ce miel, faire macérer quatre jours durant’ ».

Dans son ouvrage, Dictionnaire des cultures alimentaires, Jean-Pierre Poulain, sociologue à l’Université Toulouse II Le Mirail raconte que « dans l’Angleterre d’Elizabeth I, les prunes étaient connues pour avoir des vertus aphrodisiaques si grandes qu’on en servait gratuitement dans les maisons closes ». Ovide, Rabelais, Shakespeare… Les références littéraires ne manquent pas. Elles illustrent la puissance symbolique et psychologique des aphrodisiaques.

Des aliments qui stimulent… l’imaginaire

Et du point de vue scientifique ?  Les références sont bien plus rares. Aujourd’hui encore, vous trouverez de nombreux sites internet vantant les mérites du bois bandé, du ginseng, du gingembre. D’autres se font l’écho des effets du chocolat, du concombre ou encore des cornes de rhinocéros.

Pour les deux derniers, la forme phallique de l’aliment joue à plein régime. Pour les autres, ils procuraient tout simplement une sensation de bien-être, aussi bien physique que mental. Pour Jean-Pierre Poulain, « tous les aliments auraient des vertus aphrodisiaques, puisque le simple fait de manger accélère le pouls, augmente la pression artérielle, élève la température corporelle. Des changements physiologiques identiques à ceux qui normalement accompagnent l’orgasme ».

Certes, croquer dans un morceau de chocolat procure davantage de plaisirs que d’ingurgiter un morceau de céleri. Question de goût… En réalité, les aliments dits aphrodisiaques stimulent l’imaginaire sexuel qu’ils suscitent. Un effet placebo en somme. Bon appétit et belle nuit.

Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

  • Source : Dictionnaire des cultures alimentaires, sous la direction de Jean-Pierre Poulain – PUF

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