Allaitement maternel : conflits autour des… conflits d’intérêts

18 janvier 2011

Six mois ! Les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) quant à la durée de l’allaitement exclusif au sein sont bien connues. Dans la dernière livraison du British Medical Journal cependant, des médecins britanniques en contestent le bien-fondé. Ils mettent en avant un risque de carences pour le nourrisson mais… le débat s’envenime pour cause semble-t-il, de conflits d’intérêts…

La pédiatre Mary Fewtrell (Univsersity College de Londres) et des confrères de Birmingham et Edimbourg ont passé au crible les dizaines d’études réalisées sur le sujet. A les en croire, aucune objection scientifiquement valable ne saurait être opposée à la mise en place précoce – dès l’âge de 4 mois – de la diversification alimentaire. Autrement dit, au passage d’une alimentation liquide à une alimentation solide.

« Si d’une manière générale, les études mettent en avant les nombreux bienfaits de l’allaitement exclusif pendant 6 mois, certaines pointent aussi des risques », explique Mary Fewtrell. Elle cite notamment l’anémie et la carence martiale. De là à en déduire que l’allaitement au sein serait dangereux pour la santé de Bébé, il y a un pas… que les auteurs ne franchissent tout de même pas.

En revanche, des réseaux internationaux comme la Baby Milk Action n’ont pas tardé à pointer du doigt les conflits d’intérêts qui concerneraient certains des signataires de ce travail. Mary Fewtrell donc, mais aussi Alan Lucas (de Birmingham) et David Wilson (d’Edimbourg) « ont en effet déjà perçu des fonds de l’industrie des aliments de l’enfance ». Ils insistent notamment sur le cas du Pr Lucas, qui aurait « joué un rôle de conseil auprès des industriels lorsque l’OMS a émis ses recommandations concernant la durée de l’allaitement exclusif », en 2001.

Les intéressés ne s’en cachent d’ailleurs pas. Comme la loi l’exige, ils ont confirmé au bas de l’article publié dans le British Medical Journal, avoir réalisé des opérations de consulting et/ou conduit des recherches scientifiques à la demande de producteurs d’aliments de l’enfance. Et cela au cours des trois dernières années. Ils ont également pris soin d’ajouter que ce travail n’avait pas été réalisé contre rémunération. Entre vigilance légitime et « ayatollisme », la marge est parfois étroite…

  • Source : British Medical Journal, BMJ342 :doi10.1136/bmj.c5955 – Baby Milk Action, 14 janvier 2011

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