Allergies : la désensibilisation, ça marche et c’est simple !

12 septembre 2011

« En France, les bienfaits des cures de désensibilisation sont très méconnus » nous explique le Pr Pascal Demoly (CHU de Montpellier), président de la Société française d’Allergologie (SFA). Les chiffres en effet, parlent d’eux-mêmes : 100 000 cures de désensibilisation sont mises en œuvre chaque année en France. Or « par rapport au nombre d’allergiques, il devrait y en avoir 20 fois plus ». Et si la rentrée était un moment de choix pour envisager la question ?

Qu’est ce que la désensibilisation ? « Schématiquement, chez un patient allergique, cela consiste à forcer l’organisme à tolérer l’allergène en question (acariens, graminées, bouleau, cyprès, moisissures…) en administrant des doses importantes et bien souvent croissantes » de ce dernier, explique le Pr Demoly.

La désensibilisation vise donc à adapter la réponse immunitaire de l’organisme, en l’habituant progressivement à l’allergène responsable. « Il s’agit du seul traitement qui agit de façon durable sur l’origine et les symptômes d’une allergie », poursuit-il. « Elle prévient en outre l’aggravation de l’allergie et l’évolution fréquente, de la rhinite allergique vers l’asthme ».

Pour qui ? Egalement appelée immunothérapie allergénique, la désensibilisation est recommandée à partir de l’âge de 5 ans. « Pas question toutefois d’entamer une cure pour un simple nez qui coule », prévient le Pr Demoly. « L’allergie doit être prouvée, et cela chez un patient qui résiste aux traitements classiques. Par ailleurs, l’allergène principal doit être identifié à la suite de tests spécifiques ».

Les spécialistes parlent donc de cures de désensibilisation. Et pour cause, puisque le traitement doit durer entre 3 et 5 ans ! Il y a là de quoi décourager bien des patients… D’après la SFA qui avait réalisée une étude sur le sujet en 2008, la désensibilisation serait proposée à 20% des malades qui viennent consulter un allergologue. Elle est acceptée par seulement 58% d’entre eux… et les raisons du refus tiennent principalement (31% des cas) à la durée du traitement. Mais il n’y a pas que cela : un patient sur cinq émet également des doutes sur l’efficacité de la démarche. Enfin « je ne devrais pas le dire, mais parmi ceux qui acceptent de démarrer, environ la moitié abandonne en cours de route », regrette le Pr Demoly, qui évoque une « méconnaissance totale du sujet ».

La voie sublinguale plébiscitée. Outre la durée des traitements, les contraintes qui y sont associées accentuent ces réticences. Des contraintes ? « Aujourd’hui, une cure de désensibilisation s’effectue soit par voie sous-cutanée, soit par voie sublinguale. En sous-cutané, le patient reçoit des injections mensuelles pendant toute la durée du traitement », reprend le Pr Demoly. Vous avez bien compté : sur une cure de 5 ans par exemple, cela représente 60 injections. « Et l’image que les patients, comme de nombreux médecins d’ailleurs ont de la cure de désensibilisation, est justement celle-ci. Il faut toutefois savoir que si le traitement ne fonctionne pas au cours de la première année, il est arrêté. On ne part donc pas pour 5 ans ! ».

Sans compter qu’aujourd’hui, la majorité des cures s’effectue par voie sublinguale. « Le traitement est très simple et très efficace. Il repose sur la prise d’un comprimé par jour en commençant généralement deux mois avant la phase d’exposition à l’allergène, puis en poursuivant durant toute cette période. Ensuite, le patient arrête jusqu’à l’année suivante. Il répète ce cycle durant 3 à 5 ans ».

Bref, voilà une excellente occasion de mettre les points sur les ‘i’ : « les cures de désensibilisation donnent d’excellents résultats. Et cela très rapidement », conclut Pascal Demoly. A la moindre question, rendez vous chez votre médecin traitant. Le cas échéant, il vous dirigera vers un confrère allergologue.

Pour aller plus loin, rendez-vous sur le site de l’Association Asthme et Allergie : http://asthme-allergies.org/

  • Source : Interview du Pr Pascal Demoly, 18 août 2011 – SFA, août 2011

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