Antalgiques opioïdes : hausse des intoxications en France
03 juillet 2020
Très efficaces dans le traitement de la douleur, les antalgiques opioïdes ne doivent pourtant pas être banalisés. Depuis des années, les intoxications et décès en lien avec leur prise sont en constante hausse
En 10 ans, la consommation des antalgiques opioïdes a augmenté. Avec en parallèle, une hausse du mésusage, ainsi que des intoxications et des décès liés à l’utilisation de ces antidouleurs, qu’ils soient faibles ou forts. Une situation déjà pointé du doigt en 2019 par l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) et reprise aujourd’hui par la Revue Prescrire.
« De 2004 à 2017, l’évolution globale de la prescription des opioïdes en France a été marquée par une baisse, liée au retrait du dextropropoxyphène en 2011, plus de 40 ans après sa mise sur le marché », rappellent ses auteurs. « Mais les prescriptions d’autres opioïdes ont plus que doublé. Le tramadol était le plus prescrit en 2017 parmi les opioïdes faibles. Les prescriptions d’opioïde fort (morphine, fentanyl, oxycodone) ont fortement augmenté en dix ans, en particulier celles d’oxycodone. »
Même les opioïdes faibles sont associés à un risque de surdose et de dépendance. Certains patients s’avèrent dépendants après une prescription à visée antalgique, sans antécédent d’usage de drogue.
Ainsi, « le nombre d’hospitalisations et de morts liées à une intoxication par opioïde a significativement augmenté depuis 2000 (+167 % entre 2000 et 2017 pour les hospitalisations et +146 %, entre 2000 et 2015 pour les décès, ndlr) sans atteindre l’ampleur de la crise constatée aux États-Unis d’Amérique », note la Revue Precrire.
Ne pas banaliser
Les opioïdes ont un intérêt majeur et incontestable dans la prise en charge de la douleur et restent moins consommés que les antalgiques non-opioïdes (paracétamol, aspirine, AINS). Cependant, leur consommation peut s’accompagner de complications graves. Cette problématique touche principalement des patients qui consomment un antalgique opioïde pour soulager une douleur, et qui développent une dépendance primaire à leur traitement, et parfois le détournent de son indication initiale.
La question n’est donc pas « de cesser toute prescription d’antalgiques opioïdes quand ceux-ci sont justifiés pour soulager un patient qui souffre, mais d’éviter de les banaliser, et en particulier d’éviter de commencer à la légère un traitement en réalité parfois lourd de conséquences », concluent les rédacteurs de Prescrire.