Des anticorps de lama pour dépister la maladie d’Alzheimer
04 novembre 2016
L’anticorps VHH spécifique des plaques, marqué avec un fluorochrome vert, est injecté chez la souris. Le VHH emprunte les vaisseaux sanguins, puis il marque les plaques dans le cerveau. Photo réalisée en microscopie biphotonique. ©Institut Pasteur
Le défi majeur dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer réside dans la détection précoce des marqueurs de la maladie. Situés dans le cerveau, ils sont difficilement accessibles pour le diagnostic. Une équipe française vient pourtant de réussir à visualiser ces marqueurs chez la souris, grâce à de petits anticorps de lama. Un espoir sérieux dans le développement d’outils diagnostiques et peut-être, thérapeutiques.
La maladie d’Alzheimer se caractérise par deux catégories de lésions cérébrales : les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. A un stade asymptomatique, leur présence prouve le développement de la maladie. Il est donc essentiel pour les médecins de pouvoir les visualiser. Jusqu’à présent, c’était impossible.
Des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’INSERM, du CNRS, du CEA, des universités Pierre et Marie Curie et Paris Descartes et de Roche ont mis au point deux nouveaux types d’anticorps – anti-Aβ et anti-protéine – capables de détecter ces cibles. Pour cela, ils ont utilisé des lamas, animaux développant des anticorps particulièrement petits.
Les anticorps développés ont la capacité de passer au travers de la barrière hémato-encéphalique. Laquelle protège habituellement le cerveau des attaques microbiennes mais empêche aussi la diffusion des potentielles molécules thérapeutiques jusqu’au cerveau.
La maladie dépistée chez des souris
Testés in vivo sur des souris souffrant de la maladie d’Alzheimer, ces anticorps ont été modifiés pour porter un fluorochrome vert. Injectés par voie intraveineuse, ils ont réussi à passer la barrière hémato-encéphalique et se sont fixés sur les deux cibles à identifier. Les signes de la maladie ont ainsi été rendus visibles dans le cerveau des rongeurs observé par microscopie biphotonique.
Les auteurs travaillent actuellement au développement d’une technique d’imagerie par IRM pour observer les lésions qui pourrait être applicables à terme chez l’être humain. « Le fait de pouvoir proposer un diagnostic précoce pourrait permettre de tester des traitements avant l’apparition des symptômes, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent », font remarquer les auteurs. En outre, « ces anticorps pourraient être couplés à des molécules thérapeutiques, afin que celles-ci soient délivrées de manière ciblée dans le cerveau. »
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Source : Institut Pasteur, Roche, CNRS, UPMC Sorbonne Universités, Université Paris-Descartes, 3 novembre 2016
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche