Antirétroviraux: l’essai français de prévention du VIH
04 janvier 2012
Sera-t-il possible demain de se protéger du VIH/SIDA en recourant à des traitements antirétroviraux (ARV) ? Peut-être, mais pas seulement. Le préservatif doit et devra rester la pierre angulaire de la prévention. Pourtant l’essai IPERGAY, en cours de lancement, devrait déterminer si l’administration d’ARV, associée aux moyens conventionnels de prévention, est efficace chez les gays. C’est une première en Europe. L’Agence nationale de Recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS) recrute pour la phase pilote, des hommes séronégatifs ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
IPERGAY, pour Intervention préventive de l’Exposition aux Risques avec et pour les Gays, devrait permettre d’évaluer l’efficacité d’un traitement antirétroviral, associé à une stratégie globale et renforcée de prévention. En clair, les hommes recrutés seront répartis en deux groupes. Les uns recevront l’antirétroviral Truvada®, les autres un placebo. Ils pourront y recourir « à la demande » pendant la période d’activité sexuelle. Dans le même temps, chaque participant quel que soit le groupe auquel il appartient, se verra proposer une offre renforcée de prévention : distribution de préservatifs, dépistages réguliers du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles (IST), vaccination contre les hépatites A et B. Ils seront également invités à des consultations à l’hôpital, environ tous les deux mois pour des entretiens et des examens cliniques.
IPERGAY s’adresse à « des hommes et des personnes transsexuelles séronégatives ayant des relations anales avec des hommes, sans utilisation systématique d’un préservatif », précise l’ANRS. Ils devront avoir eu « au moins deux partenaires sexuels différents dans les 6 mois précédant leur participation à l’essai, qui durera entre 12 et 48 mois ».
Des hommes de plus en plus à risque
L’utilisation préventive de traitements antirétroviraux n’est pas un concept récent. Appelée « prophylaxie pré-exposition » ou encore Prep, elle est largement utilisée depuis 1994 pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant lors de la grossesse et de l’accouchement. Plus récemment, les résultats de l’essai Caprisa 004, mené en Afrique du sud, ont montré une réduction de 39% du risque d’infection par rapport au placebo, avec l’utilisation par 899 femmes d’un gel microbicide contenant un ARV.
L’essai Iprex est la seule étude d’efficacité du Prep auprès de gays séronégatifs. Mené en Amérique du Sud et en Thaïlande, ses résultats ont été publiés fin 2010. Ils sont encourageants : le risque de contamination par le VIH a été réduit de 44% par rapport à ceux qui prenaient le placebo. Autre essai, autre succès : HPTN 052 a été conduit par les Instituts nationaux de la santé (NIH) des Etats-Unis, auprès de plus de 1 700 couples sérodiscordants. C’est-à-dire des couples composés d’un partenaire séronégatif au VIH, et d’un autre qui était séropositif. Publiés au printemps 2011 ses résultats ont montré que « si la personne séropositive du couple adhère à la posologie du traitement antirétroviral, le risque de transmission du virus à son partenaire sexuel non infecté peut être réduit de 96% ».
« Ces résultats confortent la nécessité de poursuivre la recherche sur la Prep, dans les groupes exposés. La preuve de son efficacité pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes européens manque toujours à ce jour », souligne le Pr Gilles Pialoux (Hôpital Tenon de Paris), co-responsable de l’essai. Les HSH représentent en effet une population à risque. Depuis 15 ans « on observe une augmentation des comportements à risque dans la plupart des pays du Nord chez les gays séronégatifs et séropositifs ». Résultat : une augmentation de l’incidence du VIH.
Pour plus d’informations, les personnes intéressées peuvent consulter le site www.ipergay.fr ou appeler Sida Info Service au 0800 840 800 de 8h à 23h, appel gratuit et anonyme. Ou encore www.sida-info-service.org.