Après le chikungunya ou la dengue, le moustique tigre pourrait transmettre deux nouvelles maladies
20 juin 2023
Le moustique tigre - Aedes albopictus - est connu pour être le vecteur de nombreux virus comme la dengue, le chikungunya et Zika. Mais des chercheurs français viennent de montrer qu’il pourrait aussi transmettre deux autres maladies.
Selon des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Université de Reims Champagne-Ardenne et de l’Institut de Parasitologie et de Pathologie Tropicale de Strasbourg, en plus de la dengue ou du chikungunya, le moustique tigre pourrait être le vecteur de deux autres virus : le West Nile et Usutu.
Le premier, aussi appelé virus du Nil Occidental, a pour la première fois été isolé en Ouganda en 1937. Il a depuis été responsable d’épidémies en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie occidentale et en Europe. Il est apparu en Amérique du Nord pour la première fois en 1999 et est régulièrement détecté sur le pourtour méditerranéen. Si 80 % des personnes infectées restent asymptomatiques, le virus West Nile peut être à l’origine d’atteintes neurologiques (méningites, encéphalites et méningo-encéphalites) qui font sa gravité.
Quant au second, le virus Usutu, c’est un virus émergent d’origine africaine. Il peut provoquer des troubles neurologiques à type de tremblements, voire des encéphalites ou méningo-encéphalites, principalement chez les personnes immunodéprimées.
Via les oiseaux…
C’est dans le cadre d’une surveillance des moustiques dans le Grand Est que les chercheurs ont entrepris de mesurer les capacités de cinq espèces de moustiques à transmettre les virus West Nile et Usutu. Et à leur grande surprise, le moustique tigre « s’est avéré capable transmettre les deux virus. »
Comment cela est-il possible ?
Selon les scientifiques, « au printemps, des millions d’oiseaux effectuent une longue migration pour rejoindre leurs lieux de reproduction. Le Grand Est français, notamment, est un lieu de passage d’oiseaux capables de porter en eux les virus West Nile et Usutu. En piquant les humains et les oiseaux pour se nourrir, le moustique tigre peut potentiellement servir de vecteur intermédiaire pour transmettre le virus de l’oiseau à l’humain. »
Faut-il s’en inquiéter ?
Anna-Bella Failloux, cheffe de l’unité Arbovirus et Insectes Vecteurs de l’Institut Pasteur et coordinatrice de l’étude relativise : « Avec nos connaissances sur la répartition territoriale du moustique tigre, nous pouvons déjà établir une carte des zones où les deux virus risquent d’être transmis aux humains. Il est notamment possible de renforcer la surveillance des moustiques et des oiseaux à proximité des zones urbaines, là où le moustique tigre est déjà implanté. »
Limiter les eaux stagnantes
De manière générale, pour se protéger du moustique tigre et éviter sa propagation, il est recommandé de détruire ou assécher les réserves d’eau stagnante à l’intérieur ou l’extérieur du domicile : gouttières, coupelles de pots de fleurs, particulièrement prisées par les femelles pour y pondre leurs œufs.