Après un arrêt cardiaque, la « respiration liquide »

06 septembre 2011

Refroidir l’organisme pour protéger les organes vitaux – le cœur et le cerveau notamment – c’est pratique courante après un arrêt cardiaque. Mais pour que ce traitement, bien connu des médecins, soit efficace, la température doit être abaissée le plus vite possible. Des chercheurs de l’INSERM au sein de l’Institut Mondor de recherche biomédicale et de l’Ecole vétérinaire d’Alfort (EnvA) à Maisons-Alfort (94) viennent de mettre au point une méthode de refroidissement très rapide, déjà expérimentée sur de petits animaux comme le lapin.

Le refroidissement améliore la survie et limite les séquelles neurologiques chez les patients réanimés après un arrêt cardiaque. Dans leur étude expérimentale, les chercheurs ont remplacé l’air par des liquides riches en fluor (perfluorocarbones). Avec cette « ventilation liquide », les animaux traités inspirent puis expirent des liquides « se déplaçant plus facilement que l’eau et capable de contenir 10 fois plus d’oxygène », précise Renaud Tissier de l’EnvA, co-concepteur du système.

Celui-ci permet de faire baisser la température corporelle jusqu’à 32°C en moins d’un quart d’heure chez ces petits animaux. Le cœur continue alors de battre et l’organisme est dans un état proche de l’hibernation. « Nous avons pu observer une survie et une récupération neurologique et cardiaque bien meilleure chez le lapin avec cette méthode qu’avec une perfusion de liquide froid et un refroidissement externe. Ces techniques étant aujourd’hui utilisées à l’hôpital sur des patients victimes d’un arrêt cardiaque », note Renaud Tissier.

Il ajoute que « les perspectives cliniques de ce travail encore expérimental sont importantes dans le traitement de l’arrêt cardiaque. Nous espérons arriver à un dispositif médical d’ici à 5 ans environ, mais il reste beaucoup de travail pour y parvenir ».

Chaque année, environ 50 000 personnes succombent à un arrêt cardiaque en France. Le taux de survie est seulement de 2% à 3%. De la rapidité de la leur prise en charge dépend leurs chances de survie. En effet, 5 minutes après l’accident suffisent pour que les séquelles soient irréversibles. Si vous êtes témoin d’un arrêt cardiaque, appelez d’abord de 15 ou le 112, puis pratiquez un massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours.

  • Source : Inserm, 22 août 2011 ; interview de Renaud Tissier de l’Ecole vétérinaire d’Alfort à Maison Alfort (94), 30 août 2011

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