Grippe : bientôt un vaccin à ARN messager ?

28 novembre 2025

Un essai clinique de phase III a montré l’efficacité supérieure d’un vaccin à ARN messager par rapport à celle d’un vaccin standard. Signe d’un recours, dans les prochaines années, à l’ARN messager pour la mise au point des vaccins antigrippaux ?

Un essai de phase III vient de tester un vaccin quadrivalent contre la grippe ARNm modifié (dirigé contre les deux sous-types A et les deux lignages B). 18 476 adultes sains âgés de 18 à 64 ans ont reçu, durant la saison 2022-2023, soit un vaccin antigrippal quadrivalent standard (9 251), soit le vaccin à ARN messager modifié (9 225). Le critère d’évaluation était l’efficacité relative, définie par la réduction du pourcentage des participants présentant une grippe confirmée en laboratoire au moins 14 jours après la vaccination associée à un syndrome grippal.

Pour rappel, la vaccination standard consiste à injecter une forme atténuée ou inactivée d’un agent infectieux dans l’organisme. Avec le vaccin à ARN messager, il s’agit de faire produire des fragments d’agents infectieux directement par les cellules de la personne vaccinée. Ce n’est pas l’antigène qui est injecté mais l’information, sous la forme de molécules d’ARN, sur laquelle s’appuieront les cellules pour produire les protéines de l’agent pathogène. Ces protéines sont dûment sélectionnées en amont pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire susceptible de neutraliser le virus.

34,5 % d’efficacité en plus

Selon les résultats de cet essai randomisé, en double aveugle, publiés dans le New England Journal of Medicine le 19 novembre, l’efficacité relative du vaccin à ARNm modifié par rapport au vaccin témoin était supérieure de 34,5 %, avancent les auteurs de l’étude, avec 57 cas de grippe dans le groupe ARNm et 87 cas dans le groupe témoin. Les résultats n’étaient pas probants pour la souche B mais la circulation du virus n’était pas significative avec seulement 2 cas observés. « Le vaccin modifié ARNm a démontré une efficacité statistiquement supérieure au vaccin témoin, avec des réponses immunitaires plus importantes aux souches A/H3N2 et A/H1N1 », indiquent les chercheurs.

En revanche, concernant la tolérance au vaccin, davantage de réactions locales ou systémiques ont été observées avec le vaccin ARNm. Respectivement 70,1 % contre 43,1 % et 65,8 % contre 48,7 %. Un épisode de fièvre a été observé chez 5,6 % des participants du groupe ARNm, 1,7 % seulement dans le groupe témoin.

Quels avantages pour les vaccins à ARN messager ?

On le sait, l’efficacité des vaccins standards contre la grippe dépend de la bonne adéquation entre les souches vaccinales et les souches circulantes. Or, celle-ci est parfois sous-optimale. L’intérêt de la mise au point d’un vaccin à ARNm modifié ? Des délais de fabrication plus courts et une adaptabilité rapide à l’évolution des agents pathogènes circulant.

Chaque année, les souches circulantes de la grippe peuvent changer, c’est pourquoi les vaccins ne sont pas les mêmes d’une campagne de vaccination à l’autre et sont le résultat d’un long processus. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) donne ses recommandations concernant les souches à introduire dans les vaccins antigrippaux de l’hémisphère Nord en début d’année (février). Ces recommandations sont élaborées à partir de la saison grippale de l’hémisphère Sud. Un mode opératoire qui peut s’avérer approximatif si le virus mute entre-temps. Avec un vaccin à ARNm modifié, les scientifiques pourraient fabriquer le vaccin plus rapidement. Et donc espérer davantage de précisions sur les souches en circulation avant de se lancer dans la fabrication du vaccin. Plus on attend, « plus on a de chances de choisir des souches très semblables à ce qui va circuler dans la population à l’automne », a résumé pour le quotidien québécois La Presse Nicholas Brousseau, spécialiste en médecine préventive à l’Institut national de santé publique du Québec.

Pour l’heure le vaccin ARN messager n’a été testé que chez les 18 – 64 ans, avec une efficacité supérieure contre la souche A mais avec une réactogénicité supérieure. Le vaccin à ARNm contre la grippe ne devrait pas arriver avant un moment encore mais les recherches semblent sur la bonne voie.

  • Source : lapresse.ca, The New England Journal of Medicine, Inrae

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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