Après un veuvage, quelle vie sexuelle ?
13 mars 2020
Le veuvage survient le plus souvent à un âge avancé. Mais qu'il s'agisse d'un deuil précoce ou tardif dans la vie, le décès du ou de la partenaire de vie, outre la douleur immense qu'il provoque, induit une perte peu évoquée. Celle de la vie intime et sexuelle.
La sexualité des veuves et veufs est un sujet peu abordé. Or, quel que soit l’âge, le veuvage est un deuil dans tous les domaines, y compris l’intime. Pour preuve, les travaux menés par les Drs Alice Radosh et Linda Simkin aux Etats-Unis. Dans une enquête publiée en 2016, elles qualifient de « deuil sexuel » la situation dans laquelle se trouvent la plupart des veuves et veufs. Et « le déni entourant cet aspect du deuil peut créer une souffrance à laquelle on n’a pas droit », estiment-elles. Ce qui ne fait que l’amplifier.
Leur étude menée auprès de 104 femmes âgées de plus de 55 ans – en couple et non veuves – révèle que la majorité d’entre elles anticipe le manque sexuel en cas de deuil. Et 67% aimeraient pouvoir en parler le moment venu. Pour les autrices, « ce deuil sexuel peut avoir des conséquences physiques et émotionnelles très négatives ». En particulier s’il n’est pas pris en compte. C’est pourquoi elles estiment important que les professionnels de santé et les amis des veuves et veufs abordent ce sujet.
Refaire sa vie avec quelqu’un ?
Ce sujet est d’autant plus important qu’il concerne un grand nombre de personnes, de tous âges. Dans un travail intitulé « Une étude de la sexualité et de la santé des personnes âgées aux Etats-Unis », le Dr Stacy Tessler Lindau a calculé que 73% des personnes âgées de 57 à 64 ans étaient encore actives sexuellement. Ces proportions s’élèvent à 53% pour les 65 à 74 ans. Et à 26% pour ceux entre 75 et 85 ans. Ce qui indique bien l’importance de ce sujet tout au long de la vie.
Reste que « refaire un couple après un veuvage, c’est recommencer, recréer une autre intimité sexuelle, avec de nouveaux investissements, de nouveaux gestes, de nouvelles émotions partagées à deux », souligne la Fédération française de sexologie et de santé sexuelle. « Pour beaucoup, cela ne sera ni possible ni souhaité. » Mais pour ceux qui le veulent, il faut surmonter la « culpabilité souvent ressentie », notent les Drs Radosh et Simkin. « Ils ont l’impression de tromper l’être perdu. » Aborder la question est donc essentiel pour ne pas ajouter de la souffrance au deuil.
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Source : Fédération française de sexologie et de santé sexuelle, 9 mars 2020 - Reprod Health Matters. 2016 Nov;24(48):25-33. doi: 10.1016/j.rhm.2016.11.005. Epub 2016 Nov 30 - N Engl J Med 2007;357:762-74
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche