Après une cécité, la dure gymnastique du cerveau…

22 janvier 2015

Des chercheurs canadiens se sont penchés sur le cas rare d’une patiente de 50 ans qui avait une vision très faible depuis la naissance et qui a recouvré la vue après une chirurgie. L’occasion pour eux d’étudier le comportement du cerveau, habitué à compenser la cécité par le développement d’autres sens. Instructif.

D’une manière générale, le traitement des informations visuelles s’effectue au niveau du lobe occipital, situé à l’arrière du cerveau, précisément dans le cortex visuel. Les patients qui souffrent d’une cécité vont alors développer d’autres sens comme l’ouïe et le toucher afin de compenser l’absence de vision.

Giulia Dormal (Montréal) et ses collaborateurs des universités de Montréal et de Trento (Italie) se sont demandé si « cette importante réorganisation du cerveau » ne constituait pas « un handicap pour les personnes qui recouvrent la vue grâce à la chirurgie » ? Et pour cause, « le cortex visuel pourrait avoir des difficultés à ‘voir’ après avoir été privé de stimuli pendant des années ».

Chevauchement cérébral

Ils ont étudié le cas d’une Québécoise qui a recouvré la vue à 50 ans après l’implantation d’une kératoprothèse Boston (une cornée artificielle) dans son œil droit. A partir de travaux réalisés à l’aide de l’imagerie par résonnance magnétique (IRM), ils montrent d’une part que « le cortex visuel conserve une certaine plasticité (la capacité de s’adapter en fonction de l’expérience) chez un adulte ayant une faible vision depuis l’enfance », explique le Dr Dormal. « D’autre part, plusieurs mois après la chirurgie, il n’avait toujours pas atteint un fonctionnement normal. »

La scientifique explique en effet que « certaines régions du cortex visuel continuent de répondre aux stimuli auditifs sept mois après la chirurgie. Et ces réponses viennent chevaucher les réponses aux stimuli visuels. Ce chevauchement pourrait expliquer pourquoi certains aspects de la vision, malgré une amélioration graduelle, sont toujours sous la normale sept mois après la chirurgie ».

  • Source : Université de Montréal, 19 janvier 2015 – Journal of Neurophysiogy, 17 décembre 2014

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Dominique Salomon

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