Aspartame : rien de nouveau sous le soleil
02 février 2011
L’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, l’Environnement et du Travail (ANSES) vient de rendre publiques ses premières conclusions après son examen de deux études récentes, mettant en cause l’innocuité de l’aspartame. Selon ses responsables, ces deux publications « ne permettent pas de fonder d’éventuelles évolutions dans les recommandations de consommation des édulcorants ».
Menée sur des souris, l’étude italienne suggérait un risque de cancer lié à la consommation d’aspartame. Comme celui qui l’avait précédée, ce travail est entaché de plusieurs défauts. « La méthodologie adoptée, c’est-à-dire une exposition à très forte dose pendant toute la durée de la vie jusqu’au décès, n’est utilisée par aucune autre équipe. (Elle) ne suit pas la méthodologie de référence de l’OCDE ». Autre critique, « le manque de reproductibilité des effets cancérogènes chez la souris par rapport aux autres études réalisées par la même équipe chez le rat. » Dans la dernière étude en effet, les auteurs ont observé une augmentation de l’incidence des cancers, mais uniquement chez les souris mâles.
L’étude danoise pour sa part, avait établi un lien entre la consommation de boissons gazeuses contenant des édulcorants par des femmes enceintes, et le risque d’accouchement prématuré. « (Cette étude) constitue un élément nouveau sur d’éventuels effets sanitaires des édulcorants. D’autant qu’elle est basée sur un effectif important (plus de 60 000 grossesses au Danemark, n.d.l.r.) ». Rappelons en effet que le pays de la Petite Sirène ne compte que 5 millions d’habitants, de sorte qu’une cohorte de 60 000 individus du même sexe y est très importante. L’ANSES formule moins de critiques à l’égard de cette étude. Cependant, « elle nécessite des travaux complémentaires, comme le suggèrent les auteurs eux-mêmes ».
Pour sa part, le Centre internationale de Recherche sur le Cancer (CIRC), de l’OMS à Lyon, a prévu de réaliser une monographie sur l’aspartame d’ici 2014. « Il faut être prudent avec les affirmations fondées sur une étude ou des études isolées. Le principe même des monographies repose sur des évaluations de toute la littérature sur un sujet donné, et garantit ainsi un degré d’objectivité », précise le porte-parole du CIRC.