Assises du médicament : les pharmaciens parlent
12 mai 2011
Alors que la fabrication, la répartition et la dispensation des médicaments relèvent du monopole des pharmaciens, il n’est pas surprenant que le Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens (CNOP) prenne une part active à tout débat concernant le médicament. Il a publié hier 26 propositions aux Assises du Médicament, initiées en février 2011 et dont les conclusions sont attendues fin mai.
« Nous avons suivi la feuille de route du ministre de la Santé : réduire les risques, restaurer la confiance et améliorer le système de santé. Nous y avons ajouté un volet sur l’importance d’une communication adaptée » explique Isabelle Adenot, président du CNOP. « Nos propositions portent sur le comportement des pharmaciens, qui sont en bout de chaîne dans la dispensation du médicament. Ils sont donc les professionnels les plus proches des patients. »
Les propositions du CNOP s’inscrivent dans 7 champs d’action. Concernant par exemple le signalement des effets indésirables d’un médicament, Isabelle Adenot regrette ainsi qu’aujourd’hui, « lorsqu’un professionnel de santé fait un signalement, il n’a pas de bilan de cette action. Ce n’est pas très mobilisateur. Il devrait y avoir un retour d’information, savoir si son signalement se transforme en alerte, et pouvoir s’adresser à un comité de recours s’il l’estime nécessaire. » Pour faciliter les signalements, le CNOP recommande la création d’un portail national unique, ouvert aux professionnels de santé comme aux patients puisque ces derniers peuvent maintenant déclarer eux-mêmes.
Quid des prescriptions hors AMM?
La question des prescriptions hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) a de certains médicaments bien sûr été posée. La tenue de ces assises en effet, a été décidée en février dernier, dans les suites immédiates de l’affaire du Médiator® – largement prescrit hors AMM. Or comme ils sont les dispensateurs du médicament, les pharmaciens ont une responsabilité de premier plan à cet égard. Pour le Conseil de l’Ordre, pas question d’interdire cette forme de prescription. « Dans certaines spécialités médicales, il est parfois difficile de trouver des médicaments ayant une AMM » rappelle Isabelle Adenot. « La question n’est donc pas de l’interdire, mais de l’encadrer au mieux. Il est par exemple nécessaire que les médecins indiquent -au patient, et sur l’ordonnance- qu’ils prescrivent hors AMM. »
Communication
Quant à la participation des industriels à la formation des professionnels de santé, elle n’est pas remise en question par le CNOP. Il suggère néanmoins qu’elle soit davantage encadrée, particulièrement au niveau de la distinction entre publicité et information scientifique. Sans surprise, le Conseil confirme également son attachement à une déclaration par les experts, de tous leurs liens d’intérêts. « Une sorte de ‘comité des Sages’ doit également pouvoir vérifier au hasard des déclarations chaque année. »
Enfin souligne Isabelle Adenot, « le public dispose aujourd’hui de plus d’informations, mais cette communication n’est pas bien gérée. Elle entraîne souvent, une montée de l’angoisse. Elle doit être (rendue) plus cohérente, et mieux concertée entre les différentes instances. Les professionnels de santé doivent ainsi être informés avant le public, pour pouvoir mieux répondre aux questions de leurs patients. »